C’est en intégrant des cellules solaires dans les voiles d’un bateau participant au Vendée Globe qu’Alain Janet, le fondateur de Solar Cloth system s’est fait connaître. Aujourd’hui, les tissus photovoltaïques ultralégers, flexibles et incassables que conçoit et fabrique la jeune entreprise de Mandelieu-la-Napoule ont trouvé bien d’autres applications, dans l’agriculture, les transports, les sports, les loisirs de plein air et même l’aéronautique.

Ayant fait ses armes dans le domaine des textiles techniques, Alain Janet a, un beau jour, eu l’idée d’intégrer des cellules photovoltaïques dans les voiles de bateaux.  « Les voiliers modernes ont besoin de beaucoup plus d’électricité qu’auparavant. Avec les nouvelles technologies embarquées et leurs demandes croissantes de puissance, les marins sont souvent confrontés à une pénurie d’énergie », explique-t-il. Mais les panneaux solaires rigides classiques, sont lourds, encombrants, cassants, et pas vraiment appropriés sur un bateau. Les voiles, qui représentent la plus grande surface disponible, constituent par contre un emplacement plus logique pour collecter l’énergie du soleil.
C’est la raison pour laquelle Jean Le Cam, le doyen des concurrents du Vendée Globe[1] 2020 a choisi, pour sa cinquième participation à la célèbre course, de collaborer avec Solar Cloth System, la startup fondée en 2014 par Alain Janet.

« Les films photovoltaïques de seconde génération dits ‘couche mince’ allant de 30 à 60 microns d’épaisseur, sont légers, flexibles, enroulables et ne contiennent pas de verre. Ils peuvent donc être intégrés à une base textile. C’est ce que nous faisons maintenant, tant dans l’univers du nautisme que celui des textiles techniques appliqués à d’autres industries » indique l’entrepreneur.

Pour arriver à ce résultat, plusieurs années de recherche et développement ont été nécessaires. Il a d’abord étudié une solution avec des cellules de silicium amorphe, mais Alain Janet a très vite abandonné cette piste. Le film solaire développé aujourd’hui par Solar Cloth s’appuie sur la technologie CIGS (cuivre, indium, gallium et sélénium). Aussi fin qu’un billet de banque, il s’adapte aux surfaces sur lesquelles il est posé. Enroulable, d’une durée de vie de dix à vingt ans, il est aussi efficace qu’un panneau classique et peut être intégré dans les tissus.

La médiatisation offerte par l’équipement de bateaux du Vendée Globe a été une formidable caisse de résonnance pour Solar Cloth. A partir de là les demandes ont commencé à affluer, venant d’abord de constructeurs de voiliers de plaisance mais bien vite d’autres secteurs.

À lire aussi Ce bateau solaire a voyagé jusqu’en Alaska sans émettre de CO2

Diversification dans d’autres secteurs

En septembre 2020, la startup a déposé un brevet pour un écran d’ombrage photovoltaïque pouvant se déployer dans les serres. « L’excès de luminosité est un problème observé dans la quasi-totalité des cultures sous serre : il entraîne des stress importants dans les cultures. Ombrer avec un textile souple, pliable et dépliable à volonté, permettra de limiter considérablement le stress physiologique » explique-t-elle sur son site. Particulièrement bien adaptée à l’agrivoltaïsme, l’innovation technologique mise au point par Solar Cloth System permet d’optimiser de façon très efficace le rendement et la qualité des productions tout en fournissant de l’électricité.

Au-delà des serres agricoles, les applications du textile solaire sont nombreuses pour toute forme d’abri qu’il soit militaire, humanitaire, à visée événementielle ou touristique. « Pour le camping moderne tout confort, nos toiles solaires permettent une production d’énergie ‘off-the-grid’, en s’affranchissant d’un réseau ou du transport d’un générateur d’électricité et de carburant, tout en rendant possible l’utilisation d’équipements pour une consommation électrique journalière allant de plusieurs centaines de watts à plusieurs kilowatts » explique la jeune entreprise.

À lire aussi De la voile aux déflecteurs de camion : les textiles photovoltaïques de Solar Cloth ont un bel avenir

Industrialisation

Aujourd’hui, Solar Cloth doit relever un défi de taille : abandonner son habit d’artisan et entamer sa mue vers l’industrialisation. La société a en effet signé un important accord commercial avec le groupe Renault-Volvo Trucks pour équiper ses camions électriques de déflecteurs photovoltaïques. En devenant fournisseur attitré du constructeur, elle se positionne ainsi sur le marché du transport routier en pleine mutation.

« L’industrialisation de notre activité est devenue une nécessité. Sur notre site de Cannes-Mandelieu, nous devons passer d’une capacité de fabrication de 10 m2/ jour à 100 m2/ jour pour répondre à la totalité des demandes de nos clients », nous confie Alain Janet, en citant des projets en cours avec l’Armée de l’Air, la Direction Générale de l’Armement (DGA), l’aéroport de Nice, les campings de luxe Huttopia, le spécialiste des tentes évènementielles Vitabris et des acteurs majeurs du transport maritime et de la grande plaisance.

Solar Cloth doit abandonner son habit d’artisan et entamer sa mue vers l’industrialisation

« Quand nous avons créé Solar Cloth en 2014, nous n’étions même pas sûrs qu’un produit verrait le jour », rappelle notre interlocuteur.  « Nous voulions voir jusqu’où on pouvait pousser l’intégration d’une couche photovoltaïque mince au textile. Nous avons au départ été accueillis avec un certain scepticisme, peu de gens y croyaient alors mais aujourd’hui, notre rôle d’expert dans le photovoltaïque est reconnu car on a su amener au marché un produit innovant avec des applications industrielles pertinentes », conclut-il.

À lire aussi Les films photovoltaïques organiques ouvrent de nouvelles perspectives aux énergies renouvelables À lire aussi Première mondiale : une startup polonaise lance une production industrielle de cellules solaires en pérovskites

[1] Le Vendée Globe est une course à la voile, autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance.