C’est à proximité de reliques de Saint-Nicolas que Véolia et Solvay viennent de lancer les travaux qui consistent à remplacer le charbon par du CSR (combustible solide de récupération) dans une unité de production de carbonate de soude.

Neutralité carbone en 2050

Dombasle-sur-Meurthe, en Lorraine, est situé à moins de 4 kilomètres de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port. C’est dans ce secteur qu’est localisée l’usine de Solvay dont les origines remontent 150 ans en arrière.
Considérée comme l’une des plus anciennes soudières du groupe spécialisé dans les activités chimiques et pharmaceutiques, elle produit plus de 500 000 tonnes/an de carbonate et de bicarbonate de sodium. Un processus qui nécessite la formation de vapeur à très haute température. Elle devait pour cela importer chaque année 200 000 tonnes de charbon.
Ce scénario devrait s’achever d’ici 2024. Et ce, grâce au remplacement de 3 chaudières à charbon actuelles par 2 fours fonctionnant avec du combustible solide de récupération (CSR) en provenance du territoire ou des régions limitrophes.

À lire aussi Le début de la fin du charbon en Europe

Dépollution

Chacun des fours à grille et chaudière intégrée sera capable de produire 108 tonnes par heure de vapeur surchauffée, en engloutissant jusque 21,9 tonnes de CSR dans le même temps. Ce sont ainsi 350 000 tonnes de déchets non dangereux qui seront valorisés annuellement grâce à cette opération.
L’actuelle chaudière alimentée au gaz fossile est conservée pour les phases d’arrêt des nouveaux fours.
Parmi les systèmes de dépollution associés : l’épuration des fumées (double filtration avec cyclone, puis passage par un filtre à manches), ainsi que la récupération, la manutention et le stockage des résidus pour traitement dans une filière adaptée (valorisation ou élimination).

Economie circulaire

Auparavant connu sous la dénomination « Solveo » qui pouvait prêter à confusion avec une entreprise déjà existante, le programme Dombasle Energie devrait permettre de réduire l’empreinte carbone du site de 50 %. Ce sont ainsi 240 000 tonnes de CO2 qui ne seront plus libérées dans l’atmosphère par exercice.

Combustible solide de récupération

Grâce à la création d’une nouvelle boucle vertueuse d’économie circulaire, des volumes considérables de déchets non recyclables vont être transformés en énergie verte.

« Notre feuille de route de développement durable Solvay One Planet vise notamment la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour contribuer activement à l’émergence d’une société bas carbone, nous devons transformer nos usines pour mettre en place des énergies de substitution durables et compétitives », a commenté Ilham Kadri, PDG du groupe Solvay.

Autres bénéfices

La conversion du site situé en bas de la botte de la Meurthe-et-Moselle apportera tout un lot complémentaire d’effets bénéfiques. Ainsi une protection de sa trésorerie contre la volatilité du prix des combustibles fossiles, et la suppression des taxes imposées par la réglementation européenne sur l’utilisation de charbon. En outre, une économie de 7 % des prélèvements en eau nécessaires à l’activité devrait être observée. Le tout apportera un gain de compétitivité de nature à pérenniser la production sur place du carbonate de soude.
D’où le maintien d’un millier d’emplois directs et indirects dans une zone depuis longtemps touchée par les conflits sociaux. Cette dynamique, Solvay l’applique également outre-Rhin à son site de Rheinberg.

2 x 90,5 MW thermiques

Construite par Solvay, la nouvelle installation aura une capacité de 181 mégawatts thermiques et 17,5 MW électriques réutilisés dans le processus industriel. Elle sera exploitée par Veolia.

« L’objectif de Veolia est de développer une véritable filière de valorisation énergétique pour des déchets qui ne peuvent pas être recyclés en matières. Transformés en combustibles solides de récupération, ces déchets permettent de produire de l’énergie et de la chaleur en substitution de ressources fossiles », a souligné Anne Le Guennec, directrice générale pour Veolia France de la branche du recyclage et de la valorisation des déchets.

A noter que le bon fonctionnement de la nouvelle installation dépend aussi de la bonne stabilité des filières amont du traitement des déchets.

À lire aussi Produire de l’hydrogène à partir de déchets plastiques, c’est possible !

225 millions d’euros d’investissement

Le projet Dombasle Energie est crédité d’une enveloppe de 225 millions d’euros. Il a reçu le soutien de la région Grand Est. Ainsi que de l’Ademe qui l’a retenu pour suite à son premier appel à projets Energie CSR, lancé en 2019.

Combustible solide de récupération

Autre lauréat de cette édition, très proche géographiquement et philosophiquement : CSR@La Madeleine. Ce dernier, présenté par Engie, porte sur une chaudière CSR plus modeste d’une capacité thermique de 47,5 MW, en substitution également du charbon. Elle servira aussi à fournir de la chaleur dans un processus de production de carbonate et bicarbonate de soude, pour Novacarb, à Laneuveville-devant-Nancy.

Financé dans le cadre du fonds Economie circulaire, les AAP Energie CSR opérés par l’Ademe visent à développer la valorisation de 1,5 million de tonnes de combustibles solides de récupération par an d’ici 2025.

À lire aussi Cette cimenterie est alimentée en énergie par des pales d’éoliennes en fin de vie