Porté par la réussite du projet éolien en mer Provence Grand Large, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) se rêve en plaque tournante de l’industrie de l’éolien flottant en Méditerranée. Il va investir 550 millions d’euros pour réaliser une plateforme dédiée à cette filière sur 120 hectares. Un signe supplémentaire que le port prépare son avenir sans pétrole. 

L’installation réussie des trois éoliennes du projet Provence Grand Large (PGL) et leurs flotteurs uniques au monde pourrait être le début d’une longue série de projets éoliens offshore construits à Marseille. Des rumeurs circulaient sur le sujet, mais c’est désormais officiel : le port de Marseille-Fos va s’équiper pour devenir un acteur majeur de l’éolien offshore. Dimanche 28 janvier, dans un entretien donné à l’hebdomadaire La Tribune, l’ancien ministre Christophe Castaner, désormais président du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos, a annoncé le lancement d’un vaste projet pour le déploiement de l’éolien offshore pour un montant total estimé à 550 millions d’euros.

Appelé Deos, celui-ci devrait porter sur environ 75 hectares à terre, et 45 hectares en mer pour la construction d’une plateforme et de zones de stockage dédiées à la filière. Cette plateforme devrait être associée à près de 1 000 mètres linéaires de quais dédiés, et permettre la construction d’éoliennes, mais également la maintenance lourde d’une vingtaine d’unités par an. Avec ce projet, ce sont près de 500 000 tonnes de vrac et 15 000 tonnes d’acier supplémentaires qui devraient arriver sur le port de Marseille-Fos.

À lire aussi Éolien en mer : la carte des parcs et projets en France

Marseille-Fos : d’un port pétrolier à un port multi-énergies

Après des dizaines d’années principalement marquées par l’activité pétrochimique et gazière, le port de Marseille veut et doit préparer son avenir. Avec le projet Deos, selon Christophe Castaner, le GPMM souhaite se forger une importance stratégique au niveau régional, national et même international pour le développement des énergies renouvelables. Depuis les années 1930 et l’implantation de la raffinerie BP de Lavéra, le pétrole tenait un rôle central dans les activités du port de Marseille-Fos. Malgré une baisse de cette activité à partir des années 2000, Marseille-Fos était encore le troisième plus grand port pétrolier au monde en 2011, alimentant jusqu’à 7 raffineries.

Si les activités du port se sont progressivement diversifiées depuis une vingtaine d’années, cette diversification s’est récemment accélérée avec les impératifs de la transition énergétique. Marseille multiplie ainsi les projets d’envergure. On peut citer l’usine de panneaux photovoltaïques Carbon, dont la mise en service est prévue en 2025, et qui devrait produire l’équivalent de 5 GW de panneaux par an, employant, à terme, près de 10 000 personnes.

À lire aussi Voici le premier parc éolien flottant de France

On retrouve également des projets de production d’hydrogène, dont certains sont portés par des acteurs incontournables de la filière des hydrocarbures, comme Géosel avec son projet HyVence. Un électrolyseur de 600 MW devrait également voir le jour sur les bassins ouest du port, et fournir jusqu’à 84 000 tonnes d’hydrogène bas-carbone par an.

Pour parfaire sa transformation, le port devra néanmoins travailler sur ses modes de production d’énergie. En effet, la multiplication de ces industries est essentielle pour développer les énergies renouvelables, mais n’en reste pas moins très énergivore. L’électrolyseur de 600 MW précédemment cité devrait consommer, à lui seul, autant que 150 000 appartements équipés de chauffages électriques en plein hiver. Face à ces besoins, les projets de centrales photovoltaïques urbaines, comme celui du GPMM, ou celui du marché d’intérêt national des Arnavaux, ne seront pas suffisants. Pour résoudre cette équation, l’hypothèse d’une nouvelle centrale nucléaire équipée de réacteurs EPR a même été évoquée par le président de la République en juin dernier.