C’est en tout cas l’idée qu’a suggérée Emmanuel Macron lors de son passage dans la cité phocéenne. Selon le Chef de l’État, l’installation d’une centrale nucléaire composée d’un unique réacteur EPR sur le bassin de Marseille-Fos permettrait de décarboner la vaste zone industrielle du port.

Au terme de trois jours de visite à Marseille, ce mercredi 28 juin, le président de la République a évoqué les besoins grandissants en électricité du port de Marseille face aux enjeux de neutralité carbone. Entre transition énergétique des industries et développement du numérique, les besoins électriques supplémentaires de cette immense et très polluée zone industrielle, s’élèveraient entre 4 et 5 GW de puissance. Pour répondre à une telle demande, le chef de l’État a indiqué que les énergies renouvelables étaient essentielles et que leur développement devrait être accéléré, comme c’est le cas avec le projet éolien flottant Provence Grand Large (PGL), au large de Fos-sur-mer, ou au projet de centrale solaire flottante du Vallon Dol.

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Un réacteur nucléaire en zone sismique ?

Emmanuel Macron a cependant reconnu que les énergies renouvelables avaient leurs limites, et qu’elles ne seraient vraisemblablement pas suffisantes. Ainsi, il a indiqué qu’il fallait « regarder, en concertation, si l’ensemble de ce bassin économique est prêt à accueillir des tranches » nucléaires. « C’est une vraie question qu’il faut se poser. Ce n’est pas une question absurde du tout, c’est un terrain qui a une vocation en la matière, et notamment parce qu’on sait aussi qu’on a un immense sujet de refroidissement des centrales, et les centrales à venir auront vocation à être beaucoup plus près de la mer. » a-t-il annoncé.

Cette déclaration a suscité de vives réactions. Le maire de Marseille, Benoît Payan (PS) a indiqué qu’il n’y avait aucune possibilité de construire un EPR2 sur Marseille ou sur Fos. Et pour cause, la métropole se situe « en zone submersible et en zone sismique ». D’un point de vue juridique, la proposition du président de la République paraît également irréalisable. En effet, dans la récente loi relative à l’accélération du nucléaire promulguée le 22 juin dernier, il est mentionné que la construction de nouveaux réacteurs de type EPR2 ne pourrait avoir lieu que sur des sites déjà nucléarisés. Le CNPE du Tricastin, centrale nucléaire la plus proche, est tout de même à plus de 140 km de Marseille.

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Une centrale nucléaire à Marseille, une idée pas si nouvelle

Dans les années 1970, un projet de tranche nucléaire avait déjà été envisagé sur le site de Ponteau à Martigues, entre Marseille et Fos. À l’époque, EDF envisageait d’associer un réacteur nucléaire à la centrale thermique au fioul récemment construite (et remplacée par une centrale à gaz depuis 2012) . Lors de l’inauguration de cette centrale au fioul, en 1972, le ministre chargé de l’Aménagement du territoire avait indiqué que la proximité de la mer était intéressante dans un objectif de refroidissement d’un parc nucléaire. Le projet a finalement été abandonné face aux refus de la municipalité PCF de l’époque, mais aussi des contestations de la population locale.

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