Au cœur de la crise énergétique, la Belgique avait décidé de ne pas retarder la fermeture programmée de deux de ses réacteurs nucléaires. Conséquence : ses émissions de CO2 ont augmenté de 13 %, selon une récente étude.

En septembre 2022, dans le cadre de sa loi sur la sortie du nucléaire votée en 2003 et malgré la crise énergétique, la Belgique avait mis à l’arrêt un premier réacteur : la tranche n°3 de la centrale nucléaire de Doel, dans le port d’Anvers. Fin janvier 2023, la Belgique poursuivait sa route et déconnectait du réseau un second réacteur. Celui de Tihange 2, dans la province de Liège. Une étude publiée par un chercheur de l’université de Gand (Belgique), Sam Hamels, estime aujourd’hui l’impact de la fermeture de ces deux réacteurs nucléaires sur les émissions de CO2 du secteur de la production d’électricité en Belgique.

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Des énergies renouvelables pour limiter les dégâts

En fermant ces deux réacteurs nucléaires, la Belgique a perdu 2 gigawatts (GW) de capacité de production d’électricité bas-carbone. Selon les calculs de l’économiste de l’énergie, les émissions du secteur sont alors passées d’un peu plus de 145 g de CO2 par kilowattheure produit (gCO2/kWh) entre février et juillet 2022 à un peu moins de 170 gCO2/kWh entre février et juillet 2023. Soit une augmentation conséquente de quelque 13 %. Pour comparaison, les émissions de CO2 sont, en moyenne, inférieures à 100 gCO2/kWh en France et supérieures à 450 gCO2/kWh en Allemagne.

Notons toutefois qu’en février 2023, les émissions de CO2 dans le pays étaient de 55 % plus élevées qu’au mois de février 2022. En juillet dernier, en revanche, elles étaient de 33 % plus faibles que l’année précédente. Grâce notamment à des vents qui ont soufflé régulièrement sur la Belgique, permettant aux capacités éoliennes — en plus des capacités solaires, efficaces en été — de produire à plein régime.

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Des centrales à gaz pour remplacer le nucléaire

Dès janvier dernier, la Belgique avait annoncé que deux des réacteurs nucléaires qui devaient être arrêtés en 2025 seraient finalement prolongés… de dix ans ! Leur production devra tout de même être arrêtée un temps pour permettre des travaux de maintenance. Et la Belgique compte toujours fermer ses autres réacteurs nucléaires d’ici deux ans. Une position d’autant plus inquiétante pour le climat qu’un récent rapport du gestionnaire de réseau Elia estime que le pays aura besoin de 3,5 GW de capacités de production supplémentaires d’ici 2034. Un besoin lié à la fois à la fermeture des réacteurs nucléaires et à la hausse de la demande en électricité.

Déjà deux nouvelles centrales à gaz sont en construction du côté de Liège. Mais Elia juge qu’au moins une grande centrale à gaz supplémentaire sera nécessaire dès 2028. Et même trois dans ses scénarios d’utilisation maximale de la ressource fossile.

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