Stocker de l’électricité renouvelable dans des blocs faits de matériaux massifs. C’était le pari qui semblait un peu fou de la start-up suisse Energy Vault. Il vient d’être relevé avec la mise en service du tout premier système du genre au monde.

Dans les esprits du grand public, stockage d’électricité rime généralement avec batterie. Pourtant, celles qui écrasent aujourd’hui encore le marché, ce sont les stations de transfert d’énergie par pompage. Les fameuses STEP. Des systèmes de stockage gravitaire comme disent les experts. Parce qu’elles comptent sur les excès d’électricité pour pomper de l’eau vers un bassin haut, et qu’elles peuvent ensuite restituer cette électricité en laissant chuter l’eau au besoin.

Depuis plusieurs années déjà, un certain nombre de start-up imaginent pouvoir profiter du même principe, mais en remplaçant l’eau par des blocs de matériaux lourds. Pour s’affranchir des contraintes liées à la topographie, notamment. C’est l’idée d’Energy Vault, une société américano-helvétique. Déplacer des masses à l’aide de grues en fonction des productions d’électricité renouvelable et des demandes. Des masses potentiellement façonnées à partir de déchets en tous genres.

La construction de l’une de ces batteries dites « en béton », même si elles n’en contiennent pas toujours, avait débuté en mars 2022. Et la start-up vient d’annoncer la mise en service progressive depuis début juin de ce système baptisé EVx. Ni plus ni moins que le tout premier système commercial connecté au réseau de ce genre au monde. En collaboration, pour raisonner avec l’idée de « blocs recyclés », avec une entreprise chinoise spécialisée dans le traitement des déchets.

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Une batterie gravitaire qui doit encore faire ses preuves

Un système de stockage semblable avait déjà été mis en service en Suisse au milieu de l’année 2020. Une tour d’une puissance de 5 MW et d’une capacité de stockage de 35 MWh, dont l’efficacité était annoncée à 75 %. Un autre EVx avait été testé aux États-Unis. Avec des résultats qui laissaient les experts perplexes. Car les performances peinaient à rivaliser avec celles d’une batterie « classique » au lithium.

Mais Energy Vault assure que la tour, qui a davantage la forme d’un grand bâtiment, mise en service depuis quelques semaines à Rudong, du côté de Shanghai (Chine), correspond à une version optimisée du système EVx. Elle serait adossée à un parc éolien et afficherait une puissance de 25 MW pour une capacité et une durée de stockage respectivement de 100 MWh et 4 heures. Energy Vault attend d’elle une efficacité de plus de 80 % et, grâce à des itérations encore prévues dans les mois à venir, un coût de stockage annoncé comme imbattable. L’interconnexion avec le réseau devrait, quant à elle, être pleinement effective avant la fin de cette année.

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Déjà, Energy Vault annonce d’autres projets à venir. Comme celui de la même envergure de 100 MWh qui vient d’être signé dans la province du Hebei, à l’est de la Chine. En parallèle, toutefois, la start-up a aussi revu ses ambitions en matière de chiffre d’affaires à la baisse pour cette année 2023. Par rapport à ce qu’elle avait annoncé en fin d’année dernière.