L’Allemagne a dit non à la fission, mais pas à la fusion. Berlin vient d’annoncer une enveloppe de 1 milliard d’euros dans des programmes de recherche sur la fusion nucléaire, dans l’espoir de pouvoir lancer une centrale le plus rapidement possible.

Si l’Allemagne a déconnecté ses dernières centrales nucléaires au printemps dernier, elle n’a pas totalement abandonné les technologies liées à l’atome. La ministre fédérale pour la Recherche, Bettina Stark-Watzinger, vient, en effet, d’annoncer qu’un plan de financement à hauteur d’un milliard d’euros allait être alloué à la recherche sur la fusion nucléaire pour les cinq prochaines années. Un premier programme d’un montant 370 millions a d’ailleurs déjà été débloqué pour soutenir trois centres de recherche.

Cette décision s’explique par les potentiels avantages de la fusion nucléaire par rapport à la fission nucléaire, technologie actuellement utilisée partout dans le monde. Cette dernière, qui consiste à casser des noyaux lourds d’uranium, entraîne une réaction en chaîne potentiellement dangereuse si incontrôlée, et génère des déchets hautement radioactifs.

À l’inverse, la fusion nucléaire, réaction physique qui se produit au cœur des étoiles, consiste à faire fusionner deux noyaux d’hydrogène pour créer un élément plus lourd. Cette action génère de grandes quantités d’énergie sous forme de chaleur, mais n’entraîne pas de réaction en chaîne et génère des déchets faiblement radioactifs et en petite quantité.

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La fusion nucléaire ne peut pas répondre à l’urgence de la décarbonation

La ministre fédérale de la Recherche a indiqué vouloir créer « un écosystème de la fusion avec l’industrie » afin de permettre l’ouverture d’une centrale à fusion nucléaire dès que possible. À l’échelle internationale, de nombreux projets de recherches sont en cours comme le réacteur ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) actuellement en construction sur le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône). En 2021, ce sont plus de 45 milliards d’euros qui ont été investis dans la fusion nucléaire et une trentaine de start-ups travaillent activement sur le sujet.

Il faudra néanmoins faire preuve de beaucoup de patience. Depuis le milieu du siècle dernier, les programmes de recherche se multiplient partout dans le monde, mais la fusion nucléaire est une réaction extrêmement difficile à maîtriser. L’une des expériences les plus avancées sur le sujet a récemment eu lieu dans le laboratoire Lawrence Livemore, en Californie. En décembre dernier, les chercheurs du National Ignition Facility ont réussi à créer une réaction de fusion nucléaire ayant libéré plus d’énergie que celle consommée pour la générer. Ainsi, 3,15 MJ (Mégajoules) d’énergie avaient été libérés à partir des 2,05 MJ générés pour créer la réaction. Seul hic : il aura fallu 300 MJ d’électricité pour alimenter les 192 lasers nécessaires à la réaction.

Face aux nombreux obstacles qu’il reste encore à franchir pour maîtriser la fusion nucléaire, de nombreux experts estiment qu’il faudra patienter jusqu’à l’horizon 2100 avant de voir le premier réacteur de fusion nucléaire commercial opérationnel.

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