Énergie, industrie, transport, chauffage, agriculture… tous ces secteurs ont un dénominateur commun : leur contribution à la pollution atmosphérique. Parmi les polluants les plus néfastes émis par ces activités, on retrouve les particules fines dites PM2,5, dont les diamètres sont inférieurs à 2,5 micromètres. Bien plus que de simples nuisances, ces tout petits éléments seraient la plus grande menace externe pour la santé publique mondiale, d’après un rapport publié par l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago (EPIC)

L’impact des PM2,5 sur la santé est si important qu’il surpasserait celui du tabagisme, et dépasserait largement les effets de la consommation d’alcool et de l’eau non potable, selon le rapport d’EPIC. Pourtant, la quasi-totalité du monde est excessivement exposé à ces particules. Cette exposition chronique réduirait l’espérance de vie moyenne de 2,3 ans par individu. Des années de vie qui pourraient être préservées si les niveaux de particules fines PM2,5 respectaient les lignes directrices de l’OMS fixées à 5 µg/m³, le seuil de référence considéré dans le cadre de cette étude menée par les universitaires de Chicago.

Dans le rapport, il est toutefois indiqué que ce chiffre moyen (2,3 ans) résulte d’une disparité géographique accablante. En effet, le danger de la pollution atmosphérique serait particulièrement aigu en Asie et en Afrique, qui représentent près de 93 % des années de vie perdues en raison de la pollution atmosphérique. Ironiquement, ces régions de la planète sont également celles qui disposent des ressources les plus limitées pour combattre ce risque sanitaire majeur. À l’opposé, les pays des continents européen et américain seraient en train d’effectuer de progrès notables dans la lutte contre la pollution particulaire.

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Une réalité alarmante en Asie et en Afrique

En Asie, la montée rapide de l’industrialisation, couplée à la croissance économique et démographique, a provoqué une augmentation spectaculaire de la demande en énergie et en combustibles fossiles. Cette tendance a entraîné la hausse de la pollution particulaire. La situation est particulièrement critique en Asie du Sud qui détient, d’après le rapport d’EPIC, le triste record d’abriter les quatre pays les plus pollués de la planète : le Bangladesh, l’Inde, le Népal et le Pakistan.

À New Delhi, la capitale indienne, la concentration annuelle moyenne de particules fines atteint un niveau record de 126,5 µg/m³, soit plus de 25 fois la limite recommandée par l’OMS. Au Bangladesh, si la concentration de particules fines était ramenée au seuil recommandé par l’OMS de 5 µg/m³, les habitants pourraient espérer vivre 6,8 ans de plus.

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Cependant, tout n’est pas sombre sur le continent asiatique, car la Chine a réalisé des avancées notables dans sa bataille contre la pollution de l’air depuis 2014. Bien que les niveaux de pollution restent encore six fois supérieurs aux directives de l’OMS, ils ont diminué de 42,3 % entre 2013 et 2021. Si cette tendance positive se maintient, les Chinois pourraient voir leur espérance de vie augmenter de 2,2 ans en moyenne.

En Afrique, la situation est tout aussi préoccupante, mais pour des raisons différentes. La pollution y est principalement causée par la combustion de bois pour la cuisson, le brûlage des déchets en plein air, le trafic routier et les industries. Les vents transportent également les poussières du Sahara à travers la zone sahélienne, faisant empirer la qualité de l’air. Les pays les plus affectés sont la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi et la République du Congo. Dans ces nations, les niveaux de pollution sont jusqu’à 12 fois supérieurs aux recommandations de l’OMS, ce qui peut entraîner une perte d’espérance de vie allant jusqu’à 5,4 ans, souligne le rapport.

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L’Europe et les États-Unis : des modèles de progrès

Contrairement à l’Asie et à l’Afrique, l’Europe et les États-Unis ont réussi à faire des avancées significatives dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Cette réussite serait en grande partie attribuable à l’adoption et à la mise en œuvre de réglementations strictes en matière de qualité de l’air. Aux États-Unis, l’adoption du Clean Air Act aurait conduit à une réduction de près de 65 % de l’exposition aux particules fines depuis 1970. En 2021, la concentration moyenne de ces particules était de 7,8 µg/m³, bien en dessous des niveaux observés dans de nombreuses autres régions du monde et très proche des directives de l’OMS.

De même, en Europe, l’application de la directive cadre sur la qualité de l’air aurait entraîné une réduction d’environ 23,5 % de la pollution atmosphérique. Cette amélioration a permis aux Européens de gagner en moyenne 4,5 mois d’espérance de vie. Par ailleurs, la concentration moyenne de particules fines en Europe était de 12,4 µg/m³ en 2021, ce qui est bien en dessous de la norme européenne actuelle de 25 µg/m³. Dans le cadre de sa lutte contre la pollution atmosphérique, l’UE prévoit d’abaisser cette norme à 10 µg/m³ d’ici 2030.

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