En Mayenne, un site coopératif produit du biométhane à partir de fumier pailleux. Il permet aux éleveurs et centres équestres locaux de se débarrasser de leurs déchets en générant des revenus. Un système gagnant pour tous, y compris la planète.

Aux abords des clubs hippiques et de certains élevages, l’on voit souvent des monticules de fumiers malodorants libérant des volutes de vapeur. Un amas de déchets qui se décompose à l’air libre, laissant s’échapper du dioxyde de carbone (CO2). Cette source de gaz à effet de serre est encore trop commune en France. Pourtant, elle peut être facilement valorisée en biogaz et offrir aux exploitants un débouché pour ces rebus encombrants, tout en générant des revenus supplémentaires.

À Meslay-du-Maine en Mayenne, l’unité de méthanisation Méthamaine est née de ce constat. Le projet, démarré en 2013, a germé chez un négociant local en chevaux de course. Aujourd’hui président de Méthamaine, Benoît Dutertre rencontrait alors des difficultés pour valoriser ses fumiers. Il s’est associé à onze éleveurs puis a récolté le soutien de la communauté de communes, d’Engie et de l’ADEME pour lancer l’unité, mise en service en février 2020.

Stocker le biogaz par faible demande

L’installation est entièrement équipée pour réceptionner, traiter et transformer les déchets puis injecter le biogaz dans le réseau. Après pesée, les camions déposent fumiers et lisiers dans des fosses capables de stocker six mois de production. Les matières solides traversent ensuite un hachoir puis sont diluées aux déchets liquides et au digestat. Les corps étrangers comme les cailloux et métaux sont séparés par une zone de décantation et des pièges. Des indésirables en quantité non-négligeable puisque le dernier curage, mené après seulement trois mois de fonctionnement, a retiré 13 tonnes sables et pierres.

L’unité de méthanisation Méthamaine. Photo Naskeo.

Le méthane est produit en 70 jours, dans les deux grands dômes qui abritent un digesteur de 3 800 m³ et un post-digesteur de 2 500 m³. Avant d’être injecté dans le réseau public de gaz naturel, il est purifié par filtration membranaire. Deux cuves cumulant 3 600 m³ permettent de stocker le biogaz lorsque la consommation locale est inférieure à la production.

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Plus de 21 000 tonnes de déchets organiques valorisés

Chaque année, l’unité réceptionne 21.400 tonnes de matière organique. Des intrants composés de 5600 tonnes de fumier mou, 3300 tonnes de lisier bovin, 3000 tonnes de lisier porcin, 3000 tonnes de fumier de cheval, 2900 tonnes de fumier bovin, 800 tonnes de maïs d’ensilage, 800 tonnes de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), 700 tonnes de céréales, 440 tonnes de fumier de porcs, 440 tonnes de fumier de lapins et 135 m³/jour de digestat liquide recyclé.

Un des cuves de digestion. Photo Pays du Meslay-Grez.

La putréfaction de ces matières organiques génère un débit de biogaz situé entre 80 et 135 Nm³/h ainsi que 19.000 tonnes de digestat. Très majoritairement liquide, cet ultime résidu finit épandu sur des champs et une petite partie est réinjectée dans le processus de méthanisation.

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Une méthanisation 100 % gagnante

80 % des exploitations qui fournissent lisiers et fumiers sont actionnaires de Méthamaine. Ils ont chacun investi 35.000 euros en moyenne, sur fonds propres et via l’emprunt. Outre ces éleveurs, l’unité de méthanisation est détenue à 35 % par Engie Bioz et à 10 % par Territoire d’énergie Mayenne, le syndicat local d’énergies. Sa construction a nécessité une enveloppe de 5,1 millions d’euros.

Le biogaz est vendu à Engie à un tarif négocié de 125,59 €/MWh PCS pour une recette annuelle de 1,15 millions d’euros. Une belle opération, qui offre aux exploitants une nouvelle source de revenus tout en les débarrassant de leurs déchets. Le méthane est valorisé dans le réseau.  Certes, sa combustion par les consommateurs rejette du dioxyde de carbone, mais celui-ci n’est pas d’origine fossile et il ne contribue pas au changement climatique. Lorsqu’il est libéré durant la combustion  il correspond  en effet à une quantité de CO2 prélevée dans l’atmosphère lors de la croissance des matières d’origine végétale qui composent les intrants.

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