Avec 1000 hectares de panneaux photovoltaïques, la centrale solaire de Saucats en Gironde pourrait devenir la plus grande d’Europe. Le projet, porté par Engie et Neoen, implique cependant la destruction d’une vaste surface de bois aux portes du parc naturel des Landes de Gascogne.

À chaque grand projet son dilemme. Faut-il sanctuariser les forêts -même celles plantées et exploitées par l’homme-, ou accepter d’en raser certaines pour produire de l’électricité renouvelable ?

À Saucats, en Gironde, la question est d’actualité. Dans cette commune boisée, les énergéticiens français Engie et Neoen envisagent d’aménager la plus grande centrale solaire d’Europe. Le projet baptisé « Horizéo » doit développer une puissance de 1000 MW, soit autant qu’un réacteur nucléaire.

Un milliard d’euros d’investissement

Le parc produira l’équivalent de la consommation de 600 000 personnes selon ses porteurs, mais l’électricité sera exclusivement vendue à des industriels et entreprises. Estimé à 1 milliard d’euros (650 millions pour la centrale seule), le projet prévoit également la construction d’un électrolyseur produisant de l’hydrogène « vert », un stockage par batteries stationnaires, un data-center et une parcelle d’agri-voltaïsme. Son fonctionnement n’appellera aucune subvention de l’État, affirme les énergéticiens.

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Détruire 10 km² de forêt plantée

Le gigantisme du projet implique cependant des concessions sur l’environnement. Étendu sur 10 km² aux frontières du parc naturel des Landes de Gascogne, le champ de panneaux photovoltaïque nécessite le défrichage d’autant de parcelles de pins. Si un débat public préalable à l’approbation du projet sera ouvert courant 2021, Engie et Neoen communiquent déjà à ce sujet.

Les zones détruites seraient ainsi des « parcelles clôturées utilisées pour la production de bois ou encore des activités de chasse » selon le porte-parole du projet, interviewé par France Bleu. Les énergéticiens promettent également de « compenser physiquement » l’équivalent de la surface défrichée « sur le bassin d’approvisionnement des usines de transformation du bois ».

Des mesures qui ne rassurent pas les opposants. La fédération locale d’associations environnementales SEPANSO dénonce ainsi un « projet de la démesure » à une époque ou « tout montre que la forêt est un évènement essentiel dans la protection de la biodiversité et du climat ».

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