A Montpellier, les bus à hydrogène, c’est terminé. Michaël Delafosse, le maire, l’a confirmé il y a quelques jours lors de la présentation d’une refonte du réseau de transport. La Métropole a annulé une commande de 51 bus à hydrogène après avoir réalisé que les coûts d’exploitation de bus électriques seraient six fois moins chers.
Baptisé « Montpellier Horizon Hydrogène », le projet avait été lancé il y a deux ans par la précédente équipe au pouvoir. Il comportait un électrolyseur qui devait être alimenté par une installation solaire, un stockage d’électricité et des stations de distribution. Au final, le projet aurait coûté 29 millions d’euros, mais il avait reçu la promesse d’aides à hauteur de 6,9 millions octroyés par l’ADEME, la Région et l’Europe. Certaines sommes avaient déjà été versées il y a moins d’un mois. La Caisse des Dépôts y avait également investi de l’argent public et accordé des prêts pour un total de 8,9 millions d’euros.
Mais voilà, les élus qui se sont engagé sur la gratuité des transports en commun, s’aperçoivent maintenant que l’exploitation des 51 bus à hydrogène, lesquels devaient desservir 4 lignes, coûterait 6 fois plus que l’utilisation de bus électriques : 3 millions d’euros par an au lieu de 500.000 euros. Selon Julie Frêche, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, le prix d’achat des bus à hydrogène est 150.000 à 200.000 euros plus élevé que celui des bus électrifiés. Cerise sur le gâteau : la Métropole estime qu’elle ne pourra pas produire assez d’hydrogène vert pour alimenter toute la flotte.
« La technologie hydrogène est prometteuse », a déclaré Michaël Delafosse, le maire de Montpellier. « Mais nous étions subsidiés pour l’investissement et pas pour les coûts d’exploitation du projet ; donc pour le moment nous renonçons à l’hydrogène pour nos bus. On verra en 2030 s’il est moins cher ».
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Pour les transports routiers, l’hydrogène vert est une solution intrinsèquement inefficace et coûteuse. Pour alimenter l’électrolyseur, elle nécessite la production d’une grande quantité d’électricité renouvelable. L’hydrogène gazeux doit ensuite être fortement comprimé, stocké puis transporté vers un réseau de stations de distribution. Finalement il est stocké dans le réservoir du véhicule avant d’être retransformé en électricité par une pile à combustible. Le rendement énergétique de la chaîne est au mieux d’environ 30 %, c’est-à-dire que 70% de l’électricité renouvelable s’est « envolée » dans l’opération, en pure perte. Par comparaison, le rendement d’une utilisation directe de l’électricité dans un véhicule à batterie est de 80 à 90%.
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Pas tout à fait d’accord avec l’affirmation selon laquelle 70% de l’électricité renouvelable serait dilapidée. Il existe déjà des endroits où l’électrolyseur est connecté à un réseau de chaleur qui valorise les 30% dissipés lors de l’électrolyse.
L’hydrogène c’est intéressant pour produire de l’ammoniac, des engrais dérivés et pour produire du fer par réduction directe du minerai d’oxyde de fer. Pour le transport c’est beaucoup plus efficace d’utiliser directement l’électricité au lieu de faire un détour par l’hydrogène et de perdre 70% de l’énergie. Donc les véhicules à batterie sont beaucoup plus intéressant comme l’a constaté la mairie de Montpellier.
Tout à fait, l’hydrogène vert on en aura besoin pour l’industrie, pas pour les transports.
Sur des bus qui peuvent recharger régulièrement certainement. Pour du transport sur longue distance, je ne suis pas si sûr.
Sur ce sujet concernant les bus, les techniciens sont ici unanimes, bravo.
Le gouvernement, poussé par les lobbies habituels, incite à l’utilisation d’hydrogène pour consommer trois fois plus d’électricité, de façon à nous obliger à consommer nucléaire…
C’est aussi très valorisant pour les élus souhaitant être réélus d’inaugurer des installations soit disant exceptionnelles, financées par les contribuables…
Pourquoi les grands médias reprennent-ils en coeur les discours gouvernementaux pro hydrogène?
Est-ce seulement de l’incompétence?
Wow! Enfin un article intelligent, qui dit les choses honnêtement. J’applaudis la municipalité de Montpellier d’ailleurs pour son courage, sachant que juste à côté fut inauguré fin 2021 le grand projet stratégique d’hydrogène français par Emmanuel Macron, à Béziers (désespérant ce que l’on ne ferait pas pour des raisons politiques non fondées sur une logique scientifique et économique). Je vois que les commentaires ne sont pas un ramassis anti VE pour une fois et que les gens s’exprimant connaissent leur sujet! Oui l’hydrogène est une voie sans issue pour beaucoup de transports terrestres. L’avantage de l’électrique, dont l’efficience énergétique dépasse… Lire plus »
Avec de l’hydrogène bleu, ce serait différent, et encore plus avec des moteurs thermiques à hydrogène.
Pour l’instant il me semble que la solution « moteur Thermique à Hydrogène » a été écartée par de nombreuses études.
Certaines ont même conclu qu’il s’agissait aujourd’hui d’une chimère technologique.
Car outre le coût financier et environnemental de la fabrication de l’hydrogène détaillé dans l’article, cette solution impose en effet une adaptation trop lourde des moteurs thermiques (notamment le refroidissement interne des pistons soumis à de trop fortes contraintes et à une usure accélérée).
Et bien une étoile filante du réalisme est passée au dessus de la France.
Comme quoi malgré l’abondance des subventions la municipalité a eut un sursaut de lucidité. Nous aurons besoin de l’hydrogène le jour où le rendement sera meilleur. Ou pour l’aviation le futur nous le dira.
Espérons que ça contribue à éteindre les derniers espoirs des fans de « L’avenir de la voiture c’est l’hydrogène ».
Bravo à cette mairie qui sort du délire et revient à des réalités plus honnêtes. Les subsides qu’ils soient nationaux ou européens commencent par un hold-up dans la poche du contribuable J’ai créé le Club Hydrogène en 2013 pour stocker les energies renouvelables, mais la vérité techno- économique à ses droits. En tout état de cause, l’H2actuel est pas vert, plus de 95 pourcents par réforme du méthane à la vapeur d’eau. Le bilan thermodynamique de l’H2 est au moins 4x plus cata que l’électricité et tant les véhicules, leur entretien, les installations ont des coûts insurmontables par rapport à… Lire plus »
Pour les bus, ce n’est pas rentable. On nous avait dit que l’hydrogène c’est pour les transports lourds. On nous aurait menti? 🙂
Le chemin, du rêve au réalisme