Un vaste projet de production d’hydrogène à partir d’énergie solaire, et ce dans une zone qui consomme beaucoup d’hydrogène gris, cela ressemble à un projet bien en ligne avec les objectifs de décarbonation et de souveraineté. Toutefois le maire de la commune de Fos-sur-Mer s’y oppose, après en avoir été un défenseur. Découvrez pourquoi.

À l’origine, un projet de ferme solaire couplée à une usine d’hydrogène vert, prévue sur la commune de Fos-sur-Mer : le projet HyVence. Ce projet est double. En premier lieu, une centrale photovoltaïque sur les étangs de Lavaladuc et d’Engrenier, en mesure de produire environ 800 GWh/an. Et en deuxième lieu, une usine de production d’hydrogène par électrolyse, à hauteur de 15 000 t/an, alimentée par cette même énergie solaire.

L’hydrogène était destiné à être ensuite utilisé dans les installations industrielles voisines, lesquelles consomment déjà plus de 100 000 t d’hydrogène chaque année. Ce dernier est produit aujourd’hui à partir de méthane. Il s’agit donc d’un projet dont la taille n’est pas de nature à remplacer l’intense activité pétrochimique de la région, mais plutôt à réduire sa consommation globale en hydrocarbures fossiles.

Le projet vise un démarrage de la construction en 2025, pour un début d’exploitation commerciale entre 2028 et 2030. L’investissement prévu est de 600 millions d’euros.

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Un projet mené par un acteur historique de la région

Le projet est mené par Géosel, une société peu connue, mais dotée d’un rôle très important vis-à-vis de la stratégie nationale pour l’énergie : elle est garante des stocks stratégiques de pétrole de notre pays. Et ce, depuis sa création il y a plus cinquante ans, en 1967, à la suite du choc pétrolier provoqué par la crise de Suez de 1956.

Son principal stock est situé à Manosque, dans des cavités de sel situées à plus de 1000 m de profondeur. Il peut contenir 9 millions de m3 de pétrole, soit environ un mois et demi de consommation française. Pour l’anecdote, le stock a été sollicité lors de la crise ukrainienne, lors de la mise en place des sanctions contre le diesel russe.

Lorsque les cavités ne sont pas remplies de produits pétroliers, elles sont emplies d’eau mélangée à du sel (saumures). Lorsqu’il s’agit de les remplir à nouveau, le saumure est évacué vers les étangs de Lavalduc et d’Engrenier à Fos-sur-Mer. Et il s’agit justement des lacs sur lesquels il est envisagé de construire les centrales photovoltaïques. Des surfaces qui ont donc déjà été artificialisée.

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La volte-face du maire de la commune

La concertation préalable pour le projet a été ouverte le 27 mars, et doit se terminer le 20 mai. Toutefois, le maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi, a d’ores-et-déjà demandé l’abandon du projet. Il en était pourtant un promoteur. La cause de sa volte-face ? Comme il s’en explique dans un communiqué, les habitants de la commune, ainsi que ceux des communes voisines, sont opposés au projet.

Par leur opposition, les habitants ont traduit leur « sentiment de trop plein » vis-à-vis du nombre d’installations industrielles à Fos-sur-Mer. Il a été objecté que les étangs étaient déjà artificialisés, mais il s’avère que la partie Est de la commune était encore préservée des industries. Et Fos-sur-Mer est une commune déjà lourdement industrialisée. Le maire a donc réitéré son engagement à ne pas aller contre l’avis de ses administrés.

Dans son communiqué, le maire convient de l’intérêt du projet au regard de la décarbonation et de la souveraineté industrielle, mais il conclut son texte par les mots suivants : « Mais je l’entends : pas toujours à Fos, par uniquement à Fos ».