Le 30 mars dernier, EDF a annoncé la création de sa filiale Nuward dédiée à la conception et la réalisation du premier SMR français. Entièrement détenue par l’électricien français, cette filiale aura pour objectif de rendre effectif un début de construction du réacteur en 2030, et ainsi rester dans la course internationale qui se joue autour de ces réacteurs nouvelle génération.

Lancé en 2019 par un consortium d’entreprises comprenant EDF, le CEA, TechnicAtome et Naval Groupe, le projet français Nuward de mini centrale nucléaire utilisant des SMR (Smart Modular Reactor) sera désormais porté par une entreprise du même nom, détenue à 100 % par EDF.

Avec la création de cette filiale, EDF souhaite accélérer le développement du réacteur SMR et faciliter les échanges avec l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) qui n’aura alors qu’un seul interlocuteur. Pour autant, la filiale d’EDF continuera à travailler avec ses partenaires historiques ainsi qu’avec de nouveaux partenaires comme la société d’ingénierie nucléaire belge Tractebel.

À lire aussi Ce pays va faire ses premiers pas dans le nucléaire avec un SMR

La création de ce réacteur SMR qui s’inscrit dans le plan France 2030 et pour lequel EDF a reçu 500 millions d’euros de subventions, fait face à des délais très contraints avec un objectif de début de construction fixé à 2030.

Pour y parvenir, la route est pourtant encore longue. Alors que l’avant-projet sommaire (définition de l’architecture du réacteur et choix des technologies tant pour la sûreté que pour la mise en production) est désormais terminé, Nuward s’attaque à la rédaction de l’avant-projet détaillé. Dans le même temps, un dossier d’option de sûreté (DOS) devrait être déposé auprès de l’ASN au mois de juillet 2023. Ce dossier permettra à celle-ci de notifier à Nuward les éventuelles études nécessaires à la future demande d’autorisation de création de la centrale.

À lire aussi Ces technologies de réacteurs nucléaires vont bouleverser l’industrie lourde

Nuward, dans la course mondiale aux SMR

Nuward est un projet de centrale nucléaire modulaire comprenant deux réacteurs SMR d’une puissance de 170 MWe (mégawatts électriques) pour 540 MWth (mégawatts thermiques) chacun. Il est beaucoup plus petit que nos centrales nucléaires habituelles (dont la puissance oscille entre 900 MWe et 1 500 MWe par réacteur) et a la particularité d’utiliser une technologie compacte, en partie réalisable de série en usine. Cela permet ainsi une réduction des coûts ainsi que des délais de fabrication et de mise en service raccourcis.

Les enjeux de ce programme sont très élevés. Celui-ci est en effet destiné à l’export. En conséquence, le premier prototype a une importance déterminante pour pouvoir peser dans la course mondiale qui se joue au niveau de ces nouvelles centrales miniaturisées. On compte en effet plus de 70 projets répartis dans le monde, comme celui du BWRX-300 développé par General Electric Hitachi Nuclear Energy qui devrait entrer en service dans l’Ontario d’ici la fin de l’année 2028. Ce type de centrale est destiné à remplacer les centrales à charbon, à gaz ou à fioul dans le cadre de la transition énergétique mondiale.

À lire aussi Comment ce mini réacteur nucléaire SMR va décarboner l’Amérique du Nord

La technologie française intéresse déjà plusieurs pays, comme la République tchèque, la Finlande, ou la Suède. Pour pouvoir respecter les objectifs fixés, l’effectif de Nuward devrait atteindre 150 salariés en 2024, et près de 600 personnes si l’on compte les différents partenaires qui travaillent sur le programme. Pour gagner du temps sur l’exportation du réacteur, des dossiers de certification seront soumis aux autorités de la République tchèque et de la Finlande en même temps qu’aux autorités françaises, permettant ainsi une mise en œuvre plus rapide.