Fêtant l’ouverture de la centième unité d’injection de biogaz en Bretagne, GRDF et Coénove nous ont invités à une petite cérémonie un peu particulière : la pose d’une étiquette « Compatible gaz vert » sur la chaudière de particuliers. Ce couple, qui réside à moins de 400 m à vol d’oiseau d’un méthaniseur, est alimenté en grande partie au biogaz sans avoir souscrit à un contrat spécifique.
« Plongez dans l’univers de la chaudière gaz à condensation avec Saunier Duval, expert en tant que n°1 de la condensation depuis 2012 », peut-on lire en arrivant sur le site internet du fabricant qui fait encore du Made in France depuis son usine Nantaise. De là, à Domloup en Ille-et-Vilaine, où se trouve la maison de Mélanie et Grégory construite cette année-là, il n’y a pas plus de 110 km par la route.
Leur chaudière gaz à condensation badgée de cette marque date de la même époque. Elle fournit chauffage, eau chaude sanitaire et alimente l’appareil de cuisson. Pour justifier le choix de cette énergie dans sa maison individuelle, le mari s’amuse un peu : « Nous aimons bien cuisiner au gaz ». « L’électricité nous reviendrait deux fois plus cher. Aujourd’hui, une chaudière comme la nôtre coûterait entre 4 000 et 5 000 euros, contre 12 000 à 15 000 euros pour une pompe à chaleur » détaille-t-il, en omettant toutefois les nombreuses aides qui peuvent rendre la pompe à chaleur moins chère que la chaudière à gaz.
Grégory n’est toutefois pas fermé aux autres énergies : « Pour chauffer la piscine, nous avons une pompe à chaleur. Et j’ai installé 3,2 kWc de panneaux solaires sur le toit. Ce qui m’a coûté moins de 5 000 euros. J’ai décidé de le faire moi-même quand j’ai reçu un devis de 18 000 euros d’EDF qui m’avait démarché pour cela ».
Installée dans un réduit technique en entrant dans la maison, la chaudière est pilotable à distance : « Depuis mon smartphone, je peux voir les alertes, vérifier la température et la régler pour trouver une bonne ambiance quand nous rentrons de vacances par exemple ».
Trois boîtiers sur la gauche de la chaudière permettent une telle utilisation : « Le gros boîtier du dessous, c’est le module de puissance avec le pilotage de la chaudière. Au-dessus, le petit boîtier à gauche sert pour la connexion WiFi. Celui de droite, c’est pour les alertes ». Heureusement que l’ensemble ne prend pas trop de place dans la petite pièce : « Une pompe à chaleur aurait été bien plus encombrante, déjà pour loger le ballon d’eau chaude », affirme-t-il, semblant assez mal connaître la technologie.
Jusqu’à présent, leur chaudière s’est montrée plutôt fiable : « C’est juste parfois un peu compliqué pour trouver un chauffagiste qui veut bien en assurer l’entretien ».
Il n’est pas besoin de modifier le système pour une alimentation au gaz vert issu de la méthanisation, qui est chimiquement identique au gaz fossile. C’est le sens de l’étiquette apposée sur l’appareil par David Colin, directeur territorial de GRDF et Jean-Charles Colas-Roy, président de Coénove. Créée en 2024, son association rassemble les acteurs majeurs de l’efficacité énergétique dans le bâtiment.
Un QR code accompagne l’étiquette collée sur la chaudière. En le scannant avec un smartphone, il conduit sur le site choisirlegazvert.fr. On y apprend déjà que la France compte, au jour de l’écriture du présent article, 782 sites de méthanisation qui injectent du biogaz sur le réseau national. Représentant l’équivalent de 2 réacteurs nucléaires, l’ensemble est capable de chauffer 3,7 millions de logements neufs.
En plus des vidéos de présentation dans lesquelles vous retrouverez quelques célébrités du cinéma et du petit écran, la page veut répondre aux questions que des foyers comme celui de Grégory et Mélanie peuvent se poser dans le cadre d’une démarche pour décarboner leur quotidien. Ces derniers pensent d’ailleurs aussi à leur mobilité et envisagent de passer, non pas à une voiture fonctionnant au GNV/bioGNV, mais à l’hybride rechargeable.
À lire aussiCette université troque le gaz pour une pompe à chaleur géothermiqueSur le site, un lien mène sur le comparateur d’offres en gaz et électricité mis à disposition par le médiateur national de l’énergie. En saisissant le code postal de sa ville et en évaluant la consommation à l’année, on accède aux offres des différents opérateurs qui couvrent le secteur.
Aujourd’hui, le couple est abonné avec un contrat classique chez Engie. Pourtant, ils reçoivent déjà du gaz vert depuis quelques mois, car ils résident tout à proximité du point d’injection du méthaniseur du GAEC Pannetier. Bien que située sur la commune de Noyal-sur-Vilaine, l’exploitation agricole de Charles-Antoine et de ses trois cousins n’est séparée du lotissement du couple que par un champ.
À lire aussiComment fonctionne un méthaniseur ?La proximité avec des maisons d’un certain standing aurait pu poser des problèmes d’acceptation du méthaniseur mis en route en décembre 2024. Ce qui a toutefois joué en faveur du projet débuté en hiver il y a presque trois ans, c’est que l’unité n’est pas visible par les riverains qui ont apprécié de pouvoir alors réellement consommer du gaz vert sans changer leurs habitudes. Dans leur cas, passer à un contrat d’énergie renouvelable prend surtout du sens pour encourager la démarche de la filière.
Selon la maire Marielle Muret Baudouin, la production en biogaz du GAEC Pannetier couvre « la moitié de la vie résidentielle de Noyal-sur-Vilaine ». Pour en arriver là, le digesteur reçoit au quotidien une ration de 30 tonnes de matières organiques au maximum qui sera, comme le reste déjà présent à l’intérieur, soumis à une température de 40 à 42° C. L’unité est nourrie avec du lisier, du fumier, du seigle et de l’orge en cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), et une part minimale de maïs d’ensilage.
Les quatre agriculteurs cherchent à être les plus autonomes possible au niveau des apports dans le méthaniseur. D’ailleurs, à quelques dizaines de mètres du dôme capable de résister à des vents violents, un bâtiment abrite les 200 vaches laitières du GAEC, dont 30 sont réformées.
La méthanisation correspond tout à fait aux aspirations de Charles-Antoine : « J’ai toujours aimé le domaine des énergies. Aujourd’hui, le GAEC vit à 50 % des revenus de l’élevage et autant de la production de biogaz ». Les quatre jeunes agriculteurs de la même famille ont repris l’exploitation de leurs pères qui étaient déjà associés ensemble.
Alors que le projet n’en était encore qu’à ses débuts, le méthaniseur a bien failli ne jamais sortir de terre : « A la suite du conflit en Ukraine, nous étions alors en pleine période de tension sur les énergies avec des prix qui s’étaient envolés pour l’électricité et les matériaux. Ce qui a permis le redémarrage du projet, c’est la revalorisation des tarifs d’achat du biogaz et un point d’injection tout à proximité limitant le coût du raccordement à 40 000 euros contre plusieurs centaines de milliers d’euros parfois ».
À partir de cette décision, « il n’aura pas fallu plus d’un an pour lancer le digesteur. Nous avions déjà reçu le permis de construire ».
La rencontre officielle autour de la centième unité d’injection de biogaz en Bretagne a été l’occasion pour David Colin de placer quelques chiffres : « La Bretagne est la première région de France en couverture de ses besoins de gaz par du gaz vert avec un taux de 7,5 %. Ça représente la consommation de 205 000 logements neufs. Ce pourcentage atteindra les 10 % une fois en service les 27 méthaniseurs actuellement en cours de construction. D’autres suivront encore ensuite. D’ici 2030, ce chiffre pourrait atteindre les 30 %, soit l’équivalent des besoins pour 670 000 logements neufs ».
Pour rappel, avec le biogaz, on estime que les émissions de CO2 sont dix fois moins importantes qu’avec le gaz d’origine fossile. D’autres bénéfices sont aussi à considérer : « Avec le gaz vert, 70 % de la valeur ajoutée reste sur le territoire. En 2030, le gaz local, renouvelable et produit à partir des déchets, pèsera 6 000 emplois en Bretagne, dont 2 500 chez les méthaniseurs ».
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