Faut-il recommencer à stocker des bougies et du carburant pour les groupes électrogènes avant l’arrivée de l’hiver ? Si la saison dernière, le risque de délestage planait sur le réseau électrique national, l’hiver 2023-2024 s’annoncerait moins périlleux, selon RTE. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité national a dévoilé ses perspectives rassurantes pour la saison froide.

« Black-out » : cet anglicisme était sur toutes les bouches l’hiver dernier. La faute à un réseau électrique fragilisé, notamment, par l’arrêt imprévu de nombreux réacteurs nucléaires pour maintenance et de tensions sur l’approvisionnement en gaz dans le contexte du conflit en Ukraine. S’il n’y a finalement pas eu de délestage, le risque était bel et bien présent durant les pics de consommation, indique le gestionnaire du réseau électrique national. « La France a su passer ces pics malgré des périodes de tension, mais cela aurait pu se passer différemment » explique Xavier Piechaczyk, le président de RTE.

Grâce à une réduction importante de la consommation des ménages, entreprises et collectivités (- 9 % en moyenne sur la période) et à l’import massif d’électricité de pays voisins, le pays s’est épargné des délestages. D’autres leviers, comme la désactivation des chauffe-eau électriques durant les heures creuses méridiennes, ont permis de gagner en flexibilité. « Nous aurions pu émettre 8 signaux écowatts orange et 12 écowatts rouges sans ces leviers, dans la pire des situations » indique le dirigeant.

Écowatt veut inciter à consommer lorsque la production est décarbonée

Pour rappel, Écowatt est le dispositif mis en place par RTE afin d’alerter la population sur le niveau de tension du réseau électrique, à travers un code à trois couleurs. Un Écowatt « vert » signalant l’absence de risque, « orange » indiquant un risque possible de délestage et « rouge » un risque très élevé de coupures en l’absence d’importants efforts de sobriété énergétique.

Par ailleurs, le dispositif Écowatt s’agrémente dès aujourd’hui d’un signal de production bas-carbone. À travers l’application smartphone (Android et iOS), le site internet dédié et l’API (pour les développeurs), Écowatt indique désormais en temps réel lorsque la production d’électricité est au moins à 90 % bas-carbone et française. L’objectif est d’aider les consommateurs qui le souhaitent à connaître le moment idéal pour activer les appareils les plus gourmands, lorsque l’électricité est faiblement carbonée, et donc peu coûteuse à produire.

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Meilleure disponibilité des centrales nucléaires

Si « le risque zéro n’existe pas » rappelle le président de RTE, la probabilité de coupures est jugé « faible ». En effet, la tendance est toujours à la sobriété puisqu’en septembre 2023, la consommation restait 8 % inférieure à la même période avant-crise, selon le gestionnaire. En cause, notamment, des prix de l’électricité très élevés, qui incitent à une meilleure maîtrise. La disponibilité nettement améliorée du parc nucléaire (qui atteindrait 50 GW en janvier 2024 contre 44 GW en janvier 2023) permettrait d’aborder plus sereinement la saison froide.

Les centrales hydroélectriques, cruciales pour satisfaire les pointes de consommation, bénéficieraient de stocks d’eau jugés supérieurs aux moyennes historiques, malgré la sécheresse marquée en début d’année. En complément hélas indispensable l’hiver, les centrales à gaz n’auraient aucun mal à assurer leur approvisionnement. À noter que les 1 800 MW des deux dernières centrales au charbon, Cordemais et Émile-Huchet (Saint-Avold), resteront sur le qui-vive cet hiver.

Enfin, l’éolien en mer devrait apporter une contribution supérieure à l’année précédente puisque sa puissance installée approche désormais les 1 000 MW. Après la mise en service du premier parc éolien offshore de France à Saint-Nazaire fin 2022, deux nouveaux parcs (Saint-Brieuc et Fécamp) sont toujours en cours de démarrage. Alors qu’ils ne sont pas encore totalement achevés, ces parcs injectent déjà de l’électricité sur le réseau grâce aux turbines déjà installées.