Le risque de coupure générale d’électricité est brandi depuis plusieurs mois, sans que l’on sache précisément quand il pourrait survenir. Toutefois, la menace se précise selon la dernière analyse du gestionnaire du réseau RTE. Avec la remise en service tardive des réacteurs nucléaires en maintenance, janvier prochain devrait être particulièrement délicat.

Serait-ce le moment de faire un stock de bouillotes ? Dans sa dernière mise à jour des perspectives hivernales, le gestionnaire du réseau électrique RTE se montre particulièrement inquiet pour le mois de janvier 2023.

Il considère « élevé » le risque de recours au dispositif Ecowatt « et en particulier au signal d’alerte rouge » durant ce mois. Son activation « dépendra largement des conditions climatiques et de la possible survenue d’une vague de froid même modérée » précise le pilote du réseau.

En cause : les multiples reports dans le redémarrage des réacteurs nucléaires arrêtés pour maintenance. « La disponibilité du parc nucléaire est aujourd’hui légèrement inférieure à la prévision de début septembre » explique RTE.

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65 % du parc nucléaire en service début janvier

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les travaux liés à la correction du phénomène de corrosion sous contrainte ne seraient pas la principale cause de ce décalage. Le gestionnaire pointe plutôt des « retards et aléas techniques dans la maintenance courante » ainsi que les « mouvements sociaux ayant mis à l’arrêt les travaux de rechargement durant le mois d’octobre ».

La puissance disponible du parc nucléaire français ne devrait donc pas dépasser le seuil des 40 GW début janvier, contre 43 à 44 GW initialement prévus par RTE. Cela représente 65 % de la capacité maximale du nucléaire national (61,37 GW).

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Risque faible à modéré pour novembre et décembre

Dans l’immédiat, le risque de coupure ne serait pas significatif. Il est évalué comme « faible » jusqu’à fin novembre et « moyen » jusqu’à mi-décembre. Un répit permis notamment par la baisse de la consommation d’électricité, désormais nettement constatée. Elle est « de l’ordre de 5 à 7 % » par rapport à 2019. La courbe de puissance nationale s’infléchit de 3 à 4 GW, explique RTE.

Des chiffres que le gestionnaire du réseau appelle à considérer avec prudence, en raison « des fortes anomalies de températures » constatées cet automne, malgré la correction appliquée par RTE. Une seule certitude : la baisse de consommation est bien actée dans l’industrie, qui accuse −11 à −13 % pour les plus grands sites. Il ne s’agirait pas vraiment d’un élan de sobriété volontaire, mais de réductions d’activités dues à la hausse des prix de l’énergie.

Chez les ménages, la coupure méridienne des ballons d’eau chaude par Enedis, en vigueur depuis le 15 octobre, aurait un réel effet. La puissance économisée à 12 h 30 atteindrait jusqu’à 2,4 GW selon RTE, ce qui équivaut à un peu moins de 2 réacteurs de nucléaires de palier P4. Le gestionnaire du réseau indique que la sécurité d’approvisionnement du réseau électrique pourrait revenir « à partir de fin février ».

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