Alors que la France est censée sortir du charbon, le gouvernement redonne un peu de vigueur au minerai afin de sécuriser l’approvisionnement électrique durant le prochain hiver. Alors qu’elles devaient fermer en 2022, les deux dernières centrales de France seront autorisées à fonctionner plus longtemps, et donc à émettre davantage de CO2.

Entre l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires l’année dernière et les tensions géopolitiques en Ukraine, la France a été exposée à un risque majeur de pénurie d’électricité durant l’hiver 2022-2023. Mais grâce à la mise en place du plan de sobriété énergétique et un climat hivernal particulièrement doux, le pays a su éviter les délestages. Les mesures d’urgence adoptées ont également inclus le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) en novembre 2022, alors que celle-ci venait de fermer définitivement ses portes quelques mois auparavant.

Depuis, cette centrale et celle de Cordemais (Loire-Atlantique), restent en activité afin de sécuriser l’approvisionnement en électricité, notamment lors des pics de demandes. Selon la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, leur production ne représente que 0,6 % du mix énergétique national, leur durée de fonctionnement étant limitée à certaines périodes de l’hiver.

Pour l’hiver prochain, bien que le risque d’un black-out semble modéré, le gouvernement a décidé de prendre une mesure préventive. Ainsi, les dernières centrales à charbon de France seront autorisées à fonctionner plus longtemps. Le décret est paru dans le Journal Officiel du jeudi 24 août 2023.

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500 heures supplémentaires de fonctionnement

Durant la précédente saison froide, les centrales à charbon disposaient d’un quota de 2 500 heures de fonctionnement, soit l’équivalent de 104 jours d’exploitation continue. Initialement, cette durée était prévue pour être réduite à 1 300 heures pour la saison 2023-2024, réparties entre 600 heures en 2023 et 700 heures en 2024. Mais dans le nouveau décret, ces centrales à charbon sont autorisées à fonctionner avec 500 heures supplémentaires pour un total de 1 800 heures, correspondant à 75 jours non-stop, et ce jusqu’à la fin de l’année 2024. Cette prolongation devrait permettre de mieux affronter une éventuelle vague de froid intense.

Parallèlement, la mesure s’accompagne d’un assouplissement des restrictions sur les émissions de CO2. Le nouveau plafond est fixé à 1,8 kilotonne d’équivalent CO2 par mégawatt de puissance installée. Pour compenser cette augmentation, le coût du carbone a été revu à la hausse : les producteurs devront désormais s’acquitter de 50 euros par tonne de carbone émis, contre 40 euros auparavant.

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Quel avenir pour le charbon en France ?

Semblant être un pas en arrière, une telle décision questionne sur l’avenir du charbon en France. Pour l’heure, la ministre Pannier-Runacher affirme clairement que cette prolongation accordée n’entrave en aucun cas l’ambition nationale de se débarrasser définitivement du charbon d’ici 2030. Par ailleurs, lors de son passage sur LCI, elle a tenu à rappeler que la France était l’un des premiers pays qui s’engagent à fermer ses centrales à charbon avant la fin de la décennie.

Pour rappel, après que l’État avait ordonné la fermeture des centrales à charbon en France, la centrale du Havre en Normandie a fermé ses portes en 2021. Celle de Gardanne s’est transformée en centrale biomasse. Celle de Cordemais envisage également une reconversion similaire d’ici 2026. La centrale Saint-Avold sera, quant à elle, fermée définitivement à la fin de l’année prochaine.

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