Le projet de centrale photovoltaïque flottante sur le réservoir d’eau potable de Vallon Dol à Marseille suscite l’inquiétude de certains habitants. En cause : les flotteurs en plastique, qui pourraient dégrader la qualité de l’eau et engendrer un risque sanitaire dans cette réserve qui alimente une partie de la ville. Explications.

En février dernier, la préfecture de Marseille a accordé un permis de construire pour un projet de centrale photovoltaïque flottante de 12 MWc sur le réservoir artificiel du Vallon Dol, au nord de Marseille. Cette décision inquiète cependant des associations de riverains qui voient là un potentiel risque sanitaire. En effet, ce réservoir assure la desserte en eau potable de près de 300 000 habitants de la ville de Marseille. Les associations craignent que les flotteurs en plastique de la centrale génèrent des nanoparticules, entraînant une pollution de l’eau.

De leur côté, la Société du Canal de Provence et EDF Renouvelables, porteurs du projet, sont plutôt confiantes. Ils ont en effet reçu le feu vert de l’ARS (Agence Régionale de Santé) et l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Ils affirment que le plastique utilisé sera conforme aux réglementations sanitaires et ont précisé à nos confrères de TF1 qu’un laboratoire ferait des prélèvements réguliers pour vérifier l’absence de nanoparticules dans l’eau.

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Première centrale photovoltaïque sur un réservoir d’eau potable

Prévu pour une mise en service en 2025, ce projet de centrale photovoltaïque flottant n’est pas unique en France. Il existe des installations similaires comme la centrale de Peyrolles-en-Provence qui est capable de produire l’équivalent de la consommation de 25 000 personnes, ou encore O’mega 1, dans le Vaucluse, qui occupe une surface totale de 17 hectares.

En revanche, la future centrale de Vallon Dol sera la première de France implantée sur une réserve d’eau potable. Le réservoir du Vallon Dol, d’une superficie de 17 hectares et mis en service en 1973, contient en effet près de 3 millions de mètres cubes d’eau potable destinée à l’alimentation de Marseille.

Au niveau mondial, ces centrales photovoltaïques flottantes suscitent un intérêt croissant, y compris sur des réservoirs d’eau potable. Elles permettent d’obtenir de larges surfaces dénuées d’obstacles sans conséquence sur des surfaces naturelles ou des zones agricoles. De plus, ces centrales pourraient permettre de limiter l’évaporation des bassins, comme l’a montré une étude réalisée sur un réservoir d’eau potable au Brésil.

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Des études complémentaires demandées

Si les associations ne sont pas fondamentalement opposées au projet, elles demandent des garanties supplémentaires, en particulier sur l’impact sanitaire de l’installation sur l’eau du réservoir. Philippe Musarella, médecin à la retraite et président de l’association « Pour la sauvegarde et l’animation du poumon vert de Saint-Mitre », s’inquiète ainsi à nos confrères de 20 Minutes : « Nous demandons la création d’un comité de suivi et d’avoir un droit de regard sur le cahier des charges de l’appel d’offres ». L’association souligne en particulier les remarques effectuées par l’Anses, qui indique que les « étapes de traitement de potabilisation ne sont pas efficaces pour traiter les polluants organiques qui pourraient éventuellement être relégués par les matériaux de la centrale flottante ».

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Les députés Sébastien Barles et Michele Rubirola d’Europe Écologie-Les Verts ont pris le relais de ces associations et demandent l’étude d’alternatives au plastique pour les flotteurs, mais également des garanties de surveillance au long cours de la qualité des eaux ainsi que la levée du secret des affaires. Ce dernier aspect vise à obtenir la composition exacte des plastiques utilisés pour les flotteurs de la centrale avant la construction de celle-ci.

De son côté, Hervé Gagneur, commissaire enquêteur désigné par le Tribunal de Marseille, n’a émis aucune réserve quant à la mise en œuvre de ce projet. Il a cependant recommandé au porteur de projet « d’effectuer une vigilance concernant la biodiversité et la qualité de l’eau en y associant ou au moins en informant les associations locales ».

Le document détaillé du projet