La société Waga Energy a mis au point un procédé permettant d’épurer le gaz émis par les déchets ménagers enterrés pour l’injecter dans le réseau de gaz naturel ou l’utiliser comme carburant.

Lorsqu’ils sont enfuis en décharge, les déchets organiques provenant des ordures ménagères se putréfient et produisent un mélange gazeux contenant du méthane, mais aussi du dioxyde de carbone, de l’azote, de l’oxygène et des impuretés. Tel quel il ne peut pas être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel. Comme il s’agit d’un puissant gaz à effet de serre (responsable au niveau mondial de 5 % des émissions), les centres d’enfouissement ont l’obligation de le capter, en France du moins. Certains l’utilisent pour produire de la chaleur ou de l’électricité, mais le rendement est faible et, dans 50 % des cas, le gaz récupéré est juste brûlé dans des torchères.

Une petite équipe d’ingénieurs a planché sur un procédé consistant à épurer ce gaz pour en faire du méthane pur à 98 %, apte à être injecté dans le réseau ou utilisé comme carburant pour véhicules. En 2015, après 10 ans de recherches, la technologie est au point. L’équipe crée alors la start-up Waga Energy pour exploiter et commercialiser le procédé baptisé Wagabox. Celui-ci combine deux techniques : une filtration par membrane permet d’abord de séparer le CO2.  Ensuite, une distillation cryogénique élimine l’oxygène et l’azote.

Les deux premières installations ont été inaugurées l’année dernière, à Saint-Florentin (Yonne) et à Saint-Maximin dans l’Oise. Le troisième site est en cours de construction et devrait entrer en service en juin 2018 à la décharge de Pavie dans le Gers.

Avec le gaz engendré par les déchets d’une ville de 100.000 habitants, la Wagabox peut alimenter 200 bus ou 3.000 foyers. Par rapport à la solution consistant à utiliser le gaz de décharge pour produire de l’électricité, le rendement est 3 fois supérieur.

Waga Energy ne vend pas sa technologie mais intervient comme investisseur et exploitant. La société propose deux types de contrats aux gestionnaires de décharges : soit elle leur rachète le biogaz brut pour ensuite l’épurer et le valoriser, soit elle leur facture le service d’épuration du biogaz.

D’ici 2025, Waga Energy espère installer une centaine de ses Wagabox en France. Mais la start-up regarde aussi à l’extérieur des frontières de l’hexagone. C’est peut-être en effet à l’international que les opportunités sont les plus grandes : « En dehors de la France, il y a encore très peu de valorisation du gaz produit dans les décharges », note Mathieu Lefebvre, président de Waga Energy . « Dans de nombreux pays, il n’y a même aucune obligation de le capter. »