
Certains affirment que la fusion nucléaire est une promesse qui nous est faite depuis plus de soixante-dix ans, mais que l’on ne voit rien venir. Ce n’est pas complètement faux, mais ce n’est pas vrai non plus. Pour preuve, cette course aux records entre les différents acteurs. Un véritable marathon, qui s’étale sur des décennies. Et qui ne se perçoit qu’avec un peu de recul
Tore Supra est un tokamak situé sur le site du centre de recherche nucléaire CEA de Cadarache dans les Bouches-du-Rhône. Il est destiné à produire des réactions de fusion dans une enceinte en forme de tore, et le plasma y est maintenu selon le principe du confinement magnétique. Il démarre en 1988.
Le 16 décembre 2003, Tore Supra établit un record : celui de la durée de fonctionnement en continu pour un tokamak. Le plasma y est maintenu pendant 6 minutes et 30 s. Un record qui restera longtemps imbattu.
Mais c’était sans compter sur la compétition internationale. Et notamment celle qui nous vient d’Asie, et d’une nouvelle superpuissance : la Chine. Cette dernière mène de longue date un programme dédié au développement de la fusion nucléaire. À ce titre, elle participe par exemple au programme ITER, le réacteur international en cours de construction à Cadarache.
À lire aussiLes centrales à fusion nucléaire arriveront-elles plus vite que prévu ?Sa participation à ITER n’a pas empêché la Chine de construire un autre tokamak sur son territoire. Le réacteur EAST (Experimental Advanced Superconducting Tokamak) est en effet mis en service en 2006. Et ce qui devait arriver arriva : en décembre 2021, il pulvérise le record de Tore Supra, avec un plasma de 70 millions de degrés maintenu pendant plus de 17 minutes (1056 secondes).
Mais ce record ne tiendra pas longtemps. Entre temps, un vaste programme de réaménagement est mis en œuvre sur Tore Supra, qui sera alors rebaptisé WEST (W Environment in Steady-State Tokamak). WEST redémarre en 2016. Et, le 19 février 2025, il reprend la tête : un plasma de 50 millions de degrés maintenu pendant plus de 22 minutes (1337 secondes).
Une course effrénée ? Seulement si l’on est patient et que l’on est prêt à suivre cette course qui se mène à un rythme de tortue. Elle n’en reste pas moins une course bel et bien réelle, et l’on ne peut qu’attendre avec une impatience l’annonce des prochains records – dans quelques temps.
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