TotalEnergies et l’allemand RWE ont remporté le 8ᵉ appel d’offres éolien en mer français. Mais entre restructurations et coûts en hausse, l’avenir du projet Centre Manche 2 reste fragile.
Le gouvernement Bayrou a créé la surprise, juste avant son départ, en attribuant au français TotalEnergies et à l’allemand RWE le huitième appel d’offres éolien en mer français. D’une puissance de 1,5 gigawatt (GW), le projet Centre Manche 2 ne dissipe pas pour autant les inquiétudes du secteur.
Voilà un nouvel entrant dans le cercle très fermé des développeurs de parcs éoliens en France. Pour la première fois, un grand parc éolien en mer tricolore ne sera pas confié à EDF ou à Engie, les acteurs historiques. L’appel d’offres éolien offshore AO8 est donc confié au tandem franco-allemand formé par les géants des énergies fossiles TotalEnergies et RWE. Jusqu’ici, seuls deux projets avaient échappé aux mastodontes français : Saint-Brieuc (Iberdrola) et Bretagne-sud (Elicio et BayWa r.e.).
L’arrivée de TotalEnergies vient compléter l’activité du groupe, déjà présent dans le solaire et l’éolien terrestre. La victoire de l’alliance franco-allemande s’expliquerait notamment par son choix de privilégier des turbines fabriquées en Europe, là où EDF envisageait un recours partiel à des équipements chinois.
Mais derrière cette annonce se cachent de sérieuses incertitudes. Comme nous l’avions écrit, RWE traverse une période délicate. Sous pression du fonds activiste Elliott, l’énergéticien a annoncé une coupe de 10 milliards d’euros dans ses investissements verts d’ici à 2030, faute de rentabilité suffisante.
Ses équipes en France sont en cours de restructuration, et un retrait du projet n’est pas exclu. Dans ce cas, TotalEnergies pourrait reprendre seul la barre, sous réserve de l’aval du ministère de l’Énergie.
La fragilité de RWE reflète en réalité une tendance plus large : la filière éolienne offshore européenne est secouée par la hausse des coûts de construction, l’explosion des taux d’intérêt et les incertitudes géopolitiques.
L’abandon du projet prévu au large d’Oléron, faute de candidats, en est révélateur. Même en Allemagne, où l’éolien en mer constitue une priorité, le gouvernement évoque désormais une « optimisation » des déploiements afin de contenir les coûts.
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