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Pourquoi l’état financier d’EDF inquiète la Cour des comptes

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Par Kevin CHAMPEAUPublié le 29 septembre 2025
Illustration : Wikimedia, modifiée RE.

Malgré la bonne forme du parc nucléaire français, la situation financière d’EDF suscite les inquiétudes du côté de la Cour des comptes. Dans un nouveau rapport, l’institution dénonce la difficulté du groupe à créer de la valeur, alors même que ce dernier doit investir pas moins de 460 milliards d’euros sur les 15 prochaines années. 

C’est la deuxième fois en quelques mois que la Cour des comptes s’intéresse à la gestion financière d’EDF, l’énergéticien français. En janvier, elle avait ainsi dénoncé une mauvaise gestion du projet de l’EPR de Flamanville, qui avait conduit à grandement entamer la rentabilité du projet. Cette fois, la Cour des comptes a analysé tout le modèle économique d’EDF, et livre ses inquiétudes face aux investissements en approche.

Dans ce rapport d’une centaine de pages, elle souligne la position dominante d’EDF, grâce à son parc de production unifié et son intégration verticale allant de la production d’électricité jusqu’à sa commercialisation. Malgré cette position préférentielle, EDF a multiplié les mauvais choix d’investissement sur la période 2012 – 2024, ce qui a conduit à creuser l’endettement de l’énergéticien. Celui-ci atteint désormais 54,6 milliards d’euros à la fin de l’année 2024. En parallèle, le parc nucléaire a perdu en rentabilité, notamment à cause des problèmes de corrosion. Dans ces conditions, EDF a eu de grandes difficultés à créer de la valeur.

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460 milliards d’euros à investir

Pourtant, EDF va devoir relever la tête, car des défis financiers, techniques et technologiques sont attendus dans les prochaines années. Sur la période 2025 – 2040, EDF doit investir près de 460 milliards d’euros répartis de cette manière :

  • 90 milliards d’euros pour la maintenance et la prolongation du parc nucléaire actuel,
  • 115 milliards d’euros pour la construction des 14 EPR2, dont 75 milliards pour les 6 premiers,
  • 15 milliards d’euros pour le parc hydroélectrique,
  • 100 milliards d’euros pour le réseau électrique.

La capacité d’investissement du groupe français sera d’ailleurs conditionnée par les performances du parc nucléaire français, mais également par des aléas concernant les prix du marché de l’électricité avec la fin de l’ARENH.

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Des recommandations pour améliorer la situation

Face à ce constat, la CRE a mentionné plusieurs recommandations. La première consiste à assurer un suivi systématique de la rentabilité des investissements d’EDF Power Solutions (ex-EDF Renouvelables). En effet, elle a mis en évidence que si la filiale génère bien un flux de trésorerie positif, celui-ci reste inférieur aux investissements. D’ailleurs, en 2024, EDF Power Solutions représentait moins de 3 % du résultat opérationnel d’EDF. De manière plus générale, la CRE propose une revue stratégique des investissements, des participations et des différentes filiales du groupe EDF pour en cerner les points forts et les points faibles.

Enfin, concernant le programme EPR2, la CRE indique qu’il est important que les modalités de partage des risques soient clairement identifiées entre l’État et EDF avant la décision finale d’investissement.

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