Que faire des parcs éoliens lorsqu’ils arrivent en fin de vie ? Alors que les premières éoliennes terrestres de France ont poussé au début des années 2000, la question commence à se poser. Le mieux, répondent certains, c’est le « repowering ». Et justement, l’un des plus anciens parcs éoliens de France achève en ce moment même sa cure de jouvence.

La durée de vie classique d’un parc éolien est de l’ordre d’une vingtaine d’années. Résultat, certains arrivent désormais à bout de souffle. Au niveau européen, on estime que près de 40 GW de capacités éoliennes terrestres seront ainsi mises à l’arrêt d’ici 2025. Le parc de Souleilla-Corbières, construit sur la commune de Treilles, dans l’Aude, est de ceux-là. En 20 ans de bons et loyaux services, les éoliennes ont souffert des assauts de la tramontane et des vents marins. S’il avait été l’un des tout premiers parcs éoliens terrestres à être mis en service en France, il s’apprête maintenant à devenir non pas l’un des premiers à être démantelés, mais bien à subir une opération dite de « repowering ».

Le repowering, que l’on pourrait traduire par « re-motorisation », est le terme utilisé par les spécialistes pour désigner le remplacement complet ou partiel des anciennes éoliennes par des modèles plus modernes, plus puissants. L’opération peut aller jusqu’à faire doubler la capacité de production d’un parc éolien et à tripler sa production d’électricité. Le tout, en principe, en réduisant le nombre d’éoliennes.

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Et elle est d’autant plus intéressante que les sites concernés aujourd’hui sont, a priori, les sites sur lesquels les conditions de vent sont les meilleures. Puisque c’est là qu’il a été décidé de construire les premiers parcs éoliens. À tel point que des experts estiment que ce type d’opération pourrait compter pour près de 25 % des objectifs de l’Europe en énergie éolienne pour 2030.

Produire plus sans ajouter d’éoliennes

À Souleilla-Corbières, Q ENERGY — qui dirige aussi quatre autres projets de repowering — s’est lancé à l’été 2022. Coût de l’opération : environ 40 millions d’euros. Avec pour objectif de conserver des éoliennes en même nombre, dans de mêmes positions et avec les mêmes hauteurs — parce que la proximité d’un radar météo a empêché d’envisager plus —, tout en augmentant la puissance — qui passe de 20 à 24 MW — et la production du parc de plus de 15 %. Dès fin 2023, 16 nouvelles éoliennes — de 1,5 MW chacune au lieu de 1,3 MW — de 80 mètres de diamètre devraient ainsi commencer à produire quelque 71 GWh par an — contre 60 GWh jusqu’ici.

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Q ENERGY rapporte avoir choisi de travailler selon les principes de l’économie circulaire. Mettant un point d’honneur à recycler ou réutiliser « 99,4 % » des matériaux de l’ancien parc dans un rayon de moins de 100 km autour du site. Le béton, par exemple, a été réutilisé pour les nouvelles fondations ou valorisé sur d’autres projets de construction. L’acier a été retraité. Les composants des éoliennes, eux, ont été vendus en pièces détachées. Quant aux pales, certaines seront transformées en œuvres d’art. D’autres serviront désormais de mobilier urbain, promet la société.

Notez enfin que les démarches d’autorisation nécessaires à la mise en œuvre de cette opération de repowering ont contraint Q ENERGY à se plier à de nouvelles obligations. Pour le plus grand bonheur de l’aigle royal. La société a en effet investi, sous le contrôle de l’Office national des forêts (ONF), dans l’entretien de 100 hectares de forêt domaniale dans lesquelles il vit.

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