Alors que l’énergéticien national est engagé dans une course contre-la-montre pour remettre en route le plus de réacteurs nucléaires à l’approche de l’hiver, il a pris une décision pour permettre d’augmenter le temps de travail des ouvriers. Ainsi, le seuil d’exposition à la radioactivité des travailleurs va être revu à la hausse. Pour autant, les personnels sont-ils exposés à un risque pour leur santé ?

À la mi-septembre, seuls 27 des 56 réacteurs nucléaires français étaient en fonctionnement. Or, l’hiver approche et avec lui une augmentation des besoins en électricité sur le territoire, en grande partie pour le chauffage. EDF s’est montrée rassurante en publiant un calendrier de remise en service successive des différents réacteurs, entre septembre 2022 et février 2023.

Pour effectuer les opérations de maintenance aussi bien fortuites que planifiées de son parc nucléaire, EDF fait appel à différentes entreprises sous-traitantes. Toutefois, ces sociétés viennent d’informer EDF de leur volonté de rehausser le seuil d’exposition à la radioactivité de certains salariés, afin de pouvoir tenir les délais sur les chantiers.

Cela leur permettrait de faire travailler leurs ouvriers plus longtemps. Les opérations de réparation sont en effet réalisées par des professionnels très spécialisés, et peu nombreux. Il est donc indispensable de pouvoir allonger leur temps de travail pour tenir les délais.

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Aucun risque pour la santé

Concrètement, le seuil passerait de 12 à 14 millisieverts (mSv) annuels pour ces travailleurs spécialisés. Cette unité de mesure sert à quantifier la dose de radioactivité accumulée dans le corps, pendant un temps donné.

En France, la réglementation prévoit un seuil de 20 mSv/an pour l’exposition radioactive. Il s’agit de l’exposition externe à la radioactivité pour le corps entier (à distinguer des cas d’exposition interne qui font l’objet d’une surveillance également). Le rehaussement du seuil envisagé par certains sous-traitants d’EDF serait donc tout à fait légal puisqu’il resterait en deçà du cadre réglementaire.

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Il n’impliquerait aucun effet sanitaire pour ces travailleurs, la dose minimale à partir de laquelle un risque accru de cancer est avéré étant de 100 mSv/an, selon l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). D’après le bilan 2021 dressé par cet organisme, la dose d’exposition externe moyenne des travailleurs du secteur nucléaire s’élevait à 1,33 mSv sur l’année.

L’institut étudie aussi spécifiquement l’exposition des sous-traitants du secteur du nucléaire. En 2021, la moyenne d’exposition de ces prestataires était de 1,81 mSv.

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