Souvent évoquées, les usines de dessalement ont-elles réellement une place dans un avenir décarboné ? En théorie, non, du fait d’un bilan écologique très défavorable. Pourtant, elles semblent de plus en plus nécessaires, même aux portes de l’hexagone. 

La Catalogne, cette région espagnole située au nord-est du pays, connaît actuellement une sécheresse sans précédent. La situation est telle que de nombreux réservoirs d’eau sont presque vides, à l’image du réservoir de Sau qui est à son plus bas niveau depuis 60 ans avec 5 % de sa capacité. Face à cette situation, le gouvernement de la communauté autonome a annoncé la mise en place d’une usine flottante de dessalement dans le port de Barcelone. Cette installation, dont l’installation est prévue en octobre prochain, devrait permettre la production de 40 000 m³ d’eau douce par jour, soit l’équivalent de 6 % de la consommation de Barcelone et de son agglomération.

Cette solution est loin d’être isolée, puisque les autorités locales comptent investir plusieurs millions d’euros pour la construction d’une douzaine d’usines de dessalement réparties sur la Costa Brava.

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Une solution loin d’être écologique

Le ministre catalan de l’Environnement a présenté cette solution comme plus économique et plus durable sur le plan environnemental… que le transport de l’eau par bateau. Pour autant, l’usine flottante de dessalement est loin de faire l’unanimité, et pour cause. La consommation énergétique de ce type d’installation est très élevée. À titre d’exemple, l’usine de dessalement de Llobregat, également située à Barcelone, consomme près de 3 kWh d’électricité par mètre cube d’eau douce. Ainsi, l’usine flottante pourrait consommer aux alentours de 120 MWh par jour, soit 43 GWh par an. C’est l’équivalent de la consommation annuelle de presque 9 000 foyers français (4 679 kWh/an en 2016, selon la CRE). Si le mix électrique de l’Espagne est désormais dominé par les énergies bas-carbone, les usines de dessalement engendreront inévitablement des émissions de CO2.

Outre la très importante consommation d’énergie, les usines de dessalement sont critiquées pour leur impact environnemental. Le pompage de l’eau peut entraîner l’aspiration de microorganismes, fragilisant ainsi la zone ou l’eau est prélevée. De plus, lors de l’étape de traitement de l’eau, le prélèvement de 1000 litres d’eau salée permet d’obtenir environ 700 litres d’eau douce. Les 300 litres restants sont rejetés en mer sous forme de saumure, une eau surchargée en sel. Celle-ci, souvent plus chaude de plusieurs degrés celsius par rapport à la mer, peut entraîner un important bouleversement de la biodiversité locale.