Résultat d’une volonté politique précoce de développer les énergies renouvelables, le Costa Rica est un des rares pays au monde à s’affranchir quasi totalement des énergies fossiles et du nucléaire pour sa production d’électricité.

Petit état d’Amérique centrale, enclavé entre le Pacifique et l’Atlantique, le Costa Rica compte moins de 5 millions d’habitants et ne dispose, contrairement à ses voisins d’Amérique du Sud, d’aucun gisement d’énergie fossile : ni pétrole, ni gaz, ni charbon. Qu’à cela ne tienne : dès 1949 le pays décide de mener une politique énergétique volontariste en exploitant les énergies renouvelables. Le président José Figueres Ferrer nationalise la production et la distribution d’électricité et crée un opérateur public, le groupe ICE (Instituto Costarricense de Electricidad). Sa mission : mettre fin à la pénurie récurrente d’électricité, assurer l’autonomie énergétique du pays et développer l’électrification du territoire. Pour dégager les budgets nécessaires, le Costa Rica fait alors le choix original de se passer d’armée.

Situé sous les tropiques le pays est copieusement arrosé par les pluies et son relief lui assure un potentiel hydroélectrique important. La première centrale, d’une puissance de 32 MW est inaugurée dès 1966. Depuis lors elle a été portée à 102 MW. Les constructions de barrages se sont ensuite succédées, si bien qu’en 1990 ils fournissaient déjà près de 3.400 GWh, soit 97,5 % de la consommation électrique. Et en 2016, les centrales hydrauliques ont produit plus de 8.000 GWh.

Carte des principaux barrages du Costa Rica

Pourtant la forte croissance de la demande en électricité a nécessité, dès le milieu des années ’90, le développement d’autres ressources. A commencer par la géothermie dont le potentiel, basé sur l’activité volcanique présente dans le pays, est estimé par l’ICE à près de 1.000 MW. Installées sur les flancs de 2 volcans, 7 petites centrales géothermiques (dont la dernière a été inaugurée fin juillet 2019) fournissent déjà aujourd’hui une puissance installée de 260 MW. Pour produire la vapeur qui alimente les turbines, la chaleur des volcans est captée par des forages profonds parfois de 1.600 m. D’ici 2030, 5 autres projets géothermiques devraient porter ce total à 700 MW.

Au tournant du millénaire, le Costa Rica s’est lancé dans l’éolien pour étoffer et diversifier son parc électrique. Installées principalement sur les crêtes venteuses qui culminent parfois à plus de 2.000 mètres, 18 fermes éoliennes totalisent déjà aujourd’hui une puissance de plus de 400 MW, ce qui en fait la deuxième source de production d’électricité en termes de puissance installée. Sur l’année les centrales géothermiques fournissent toutefois plus d’électricité car elles fonctionnent en continu alors que la production éolienne est intermittente.

Les parcs éoliens du Costa Rica sont installés principalement sur les crêtes venteuses

Quelques petites installations photovoltaïques et centrales à biomasse complètent le mix électrique costaricain, mais elles produisent ensemble moins d’1 % du courant consommé. Le gouvernement souhaite toutefois développer également ces sources d’énergie dans les prochaines années.
Il ne subsiste qu’une seule centrale thermique alimentée en pétrole, mais elle ne fonctionne que par intermittence. En 2018, le pays a été approvisionné en électricité d’origine 100 % renouvelable pendant 300 jours.
Au final la production électrique est couverte à 80 % par les barrages hydroélectriques, 12,9 % par la géothermie, 7 % par les parcs éoliens et le solde par la biomasse et le solaire.
Quant au chauffage domestique, peu énergivore dans ce pays tropical (mais montagneux), il est assuré en toute grande partie par la biomasse renouvelable.

Reforestation

Le Costa Rica ne se distingue pas seulement par sa politique exemplaire en matière de production d’électricité renouvelable : le pays se présente aussi comme un champion de la reforestation. Alors que les arbres couvraient encore 63 % du territoire en 1960, une déforestation galopante avait réduit cette superficie à 21 % en 1987. Mais depuis lors des projets de replantation massive ont inversé la tendance si bien qu’aujourd’hui les surfaces boisées occupent à nouveau plus de la moitié du pays.

Points noirs : les transports et l’industrie

Malgré ces beaux résultats qui profilent le Costa Rica comme une vedette mondiale des énergies renouvelables, il est loin d’être un bon élève en matière d’émissions de gaz à effet de serre et d’empreinte carbone. Plus de 60 % de l’énergie primaire consommée dans le pays – principalement pour les transports et l’industrie – est toujours d’origine fossile. Le parc automobile, dense et vieillissant (1,5 million de véhicules), est très polluant, les transports en commun sont peu développés et les véhicules électriques quasi absents des rues. Pire : la forte croissance économique des dernières années a conduit à une importante augmentation de la consommation de combustibles fossiles. Par conséquent, la part des renouvelables dans la consommation d’énergie primaire qui était de 45 % en 1990 est redescendue à 36 % en 2016. Résultat : une hausse catastrophique de 188 % des émissions de CO2 dues pour plus de la moitié au secteur des transports.

Une situation que Carlos Alvarado, le nouveau président, élu l’année dernière, compte redresser au plus vite. « Notre volonté est de mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles » avait-il déclaré à cette occasion. « La décarbonisation est l’objectif de notre génération et le Costa Rica doit être parmi les premiers à l’atteindre, si ce n’est le premier » , avait-il encore ajouté.

Pour y parvenir le gouvernement devra promouvoir l’électrification des transports et de l’industrie et accroître d’autant plus la production d’électricité renouvelable. Parmi les projets concrets déjà annoncés, il compte électrifier 70 % de la flotte des bus d’ici 2035 et réduire de moitié le nombre de voitures dans les centres urbains avant 2040.