Verra-t-on bientôt des éoliennes au milieu du lac Léman ou du lac d’Annecy ? Techniquement, un tel projet serait en tout cas possible puisque, depuis l’année dernière, 89 turbines sont entrées en service dans l’Ijsselmeer, le plus grand lac d’eau douce d’Europe occidentale. Aux États-Unis, un parc de 6 éoliennes devrait bientôt voir le jour dans le lac Érié. La Cour suprême de l’Ohio, un État du Midwest américain, vient en effet de rejeter le recours introduit par des opposants au projet.

Le lac Érié est un des 5 grands lacs d’Amérique du Nord. Situé entre les États-Unis et le Canada, sa superficie est de 25 700 km2 et ses rives s’étendent sur 1 377 km. Dans sa partie centrale, la profondeur ne dépasse pas 27 mètres.

Des conditions idéales pour implanter un parc éolien « offshore », puisque le lac est bordé de grands centres urbains voraces en énergie comme Cleveland, Détroit ou Toledo, que la fermeture dans la région de plusieurs vielles centrales engendre des besoins croissants en électricité, et qu’il existe de bonnes possibilités de connexion au réseau électrique.

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Un projet de 6 turbines au large de Cleveland

En 2009, différents acteurs locaux ont créé la Lake Erie Energy Development Corporation (LEEDCo). Leur objectif : implanter un parc offshore dans le lac Érié, puis plus tard dans d’autres grands lacs de la région, pour créer toute une industrie pourvoyeuse d’emploi.

Leur premier projet baptisé « Icebreaker wind » consiste à ériger un parc offshore « pilote » de 6 turbines d’une puissance de 20,7 mégawatts (MW) à 13 km au large de Cleveland. Après avoir franchi les obstacles administratifs et légaux du « parcours du combattant » que connaissent la plupart des projets éoliens, en Amérique du Nord comme en Europe, Icebreaker wind a finalement obtenu son permis de construire.

Mais, comme souvent, des opposants ont introduit un recours devant la Cour suprême de l’Ohio. Selon eux, le projet ne démontre pas suffisamment son innocuité pour l’avifaune et les chiroptères. Ils contestent également qu’il s’agisse d’un projet d’intérêt public et demandent à la Cour d’interdire toute implantation d’éoliennes dans le lac Érié.

Par 6 voix contre une, les juges ont donné raison à Icebreaker Wind. Ils ont relevé que les demandeurs avaient fourni plusieurs études démontrant le faible impact qu’aurait le parc offshore sur les oiseaux et les chauves-souris, ainsi que l’absence de nuisances significatives pour les activités récréatives au bord du lac.

À présent, la voie est donc libre pour la construction d’éoliennes dans le lac Érié ; ce sera d’ailleurs le premier projet offshore érigé dans un lac en Amérique du Nord.

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Et en Europe ?

En Europe, le plus grand parc « offshore » du monde, situé en eaux douces, est entré en service en 2021, dans l’Ijsselmeer aux Pays-Bas. Ses 89 turbines de 4,3 MW produisent annuellement 1,5 TWh (1.500.000 MWh), ce qui correspond à 1,2 % des consommations électriques du pays.

S’étendant au nord-est d’Amsterdam, l’Ijsselmeer est un lac artificiel. Il a été créé en 1932 par la construction d’une digue de 32 km baptisée afsluitdijk, laquelle sépare de la Mer du Nord, l’ancien golfe qui s’étendait jusqu’à Amsterdam.

Il a fallu près de six ans pour que le sel disparaisse du nouveau lac. Une transformation écologique radicale qui a provoqué la destruction complète de la faune et de la flore de l’ancien golfe. À cette époque, les considérations environnementales avaient peu de poids.

Pourrait-on admirer bientôt des éoliennes au milieu du lac Léman, du lac de Constance ou du lac d’Annecy ? Bien que de tels projets soient techniquement possibles, il est fort probable que la présence de turbines dans le paysage de ces lieux touristiques soulèverait de fortes oppositions.

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