Très critiquée, la climatisation devient pourtant indispensable dans de nombreux logements lors des vagues de chaleur. Mais est-elle si gourmande en électricité ? Pour le savoir, nous avons mesuré précisément la consommation d’un climatiseur réversible monosplit premier prix durant une chaude semaine d’été, dans les Bouches-du-Rhône.
En hiver, lorsque les températures sont négatives, personne ne remet en question le droit à se chauffer. Étonnamment, le discours change brutalement lors des fortes chaleurs estivales. Alors que le mercure atteint parfois des niveaux dangereux pour la santé, climatiser son logement reste perçu par certains comme un crime environnemental. La réalité est bien plus nuancée.
Pour connaître la consommation réelle d’un climatiseur monosplit classique (composé d’une unité extérieure et d’une unité intérieure, pour climatiser une seule pièce), nous avons branché notre modèle sur un compteur équipé de tores de mesure. Ce climatiseur est une pompe à chaleur (PAC) air/air d’une puissance thermique nominale de 3 500 W en froid et 3 700 W en chaud, commercialisée par une marque connue pour ses prix très bas.
À lire aussiCanicule, fortes chaleurs : comment climatiser sans se ruiner ?L’appareil a initialement été installé comme unique moyen de chauffage d’une pièce traversante d’environ 25 m² très mal isolée, en maison individuelle. Il est également utilisé lors de vagues de chaleur en été, durant les heures les plus torrides, entre 12 h et 17 h. La plage de fonctionnement est donc moins élevée qu’en hiver, ou la PAC est mise à contribution entre 7 h et 20 h. Une précision importante, car elle influence logiquement la consommation d’électricité. Un climatiseur est généralement utilisé moins longtemps en mode froid qu’en mode chaud.
Lors du test, nous réglons la température de consigne à 25 °C, soit un degré en dessous de la recommandation de l’Ademe. Habituellement, la température intérieure de la pièce en plein été se situe autour de 30 °C en début d’après-midi, et jusqu’à 33 °C les jours de très fortes chaleurs (37 °C en extérieur). Autant dire que le confort n’y est pas dans ce local dépourvu de volets, pourtant très ombragé par une végétation dense et bénéficiant d’un courant d’air traversant.
À lire aussiVoici la consommation réelle d’un climatiseur réversible premier prix en hiverLa semaine où nous réalisons le test est assez représentative : elle est chaude, avec une température moyenne extérieure sur la plage de fonctionnement de notre climatiseur de 32,2 °C et un pic à 34,6 °C. Il lui faut une petite demi-heure au démarrage pour atteindre les 25 °C de consigne, qu’il maintient sans problème tout au long de l’après-midi. La pompe à chaleur a consommé 21,43 kilowattheures (kWh) d’électricité sur les 7 jours d’utilisation, soit 3,06 kWh en moyenne quotidienne. Cela représente un budget hebdomadaire de 4,28 euros au tarif réglementé actuel option base.
Est-ce beaucoup ? Pour le savoir, il faut comparer cette consommation à celle relevée en hiver. Nous avions fait le test, sur la même installation, il y a quelques mois. Durant la semaine la plus froide de l’hiver 2024/2025, par une température moyenne de 3,4 °C sur la plage de fonctionnement et une température de consigne de 18 °C. Les résultats sont radicalement différents. Notre climatiseur réversible a englouti, cette fois, 87,91 kWh, soit un budget hebdomadaire de 17,6 euros. C’est quatre fois plus qu’en été.
Une différence d’autant plus notable que la pompe à chaleur est utilisée entre durant 4 à 5 mois pour chauffer, et, dans la pire des situations, 3 mois pour refroidir. Sur l’ensemble de la saison de chauffe, notre PAC a ainsi consommé 790,86 kWh. En se basant sur la consommation estivale que nous venons de relever sur 7 jours, un rapide calcul nous permet d’estimer la consommation totale sur trois mois d’été à environ 285 kWh. Nous considérons ici que le climatiseur est utilisé tous les jours. Malgré cela, la consommation en été reste 2,7 fois moins élevée qu’en hiver.
Au tarif réglementé actuel de l’électricité, climatiser notre pièce de 25 m² coûterait donc autour de 57 euros sur toute la saison. Un surcoût raisonnable pour le portefeuille, mais qu’en est-il de l’impact environnemental ? Au-delà de l’accentuation de l’effet d’îlot de chaleur urbain, qui ne nous concerne pas ici, en zone rurale, que représente la consommation d’électricité ?
Dans notre cas précis, la consommation du climatiseur réversible est presque entièrement couverte par nos panneaux solaires. La centrale, d’une puissance modeste de 1 800 watts crêtes (Wc), injecte autour de 900 W au démarrage de la PAC et environ 700 W à son extinction. L’impact sur le réseau est donc nul. Quand bien même nous ne possédions pas de panneaux solaires, le réseau national est généralement fourni par un mix très décarboné les après-midis d’été. L’on relève entre 50 et 60 % de nucléaire, 30 % de solaire et le reste d’hydroélectricité et d’éolien. Gaz et fioul représentent moins de 1 %. L’intensité carbone se situe ainsi autour de 20 g d’équivalent CO2 par kilowattheure. C’est extrêmement faible. Sur un été, les émissions de notre climatiseur s’élèveraient à 5,7 kg d’équivalent CO2, soit autant qu’une Peugeot 208 essence de 100 chevaux en seulement 49 km (117 g/km).
Par ailleurs, la production solaire et si abondante que la France est fréquemment contrainte de l’écrêter. Les centrales sont ainsi bridées pour assurer l’équilibre du réseau et limiter la dégringolade des prix de l’électricité, qui sombrent souvent dans le négatif. En clair, une part importante d’électricité photovoltaïque n’est pas produite, faute de débouchés. Il y a donc un gisement à saisir pour les climatiseurs, qui pourront également bénéficier des nouveaux créneaux d’heures creuses « solaires » qui doivent arriver dans l’hexagone avant la fin de l’année.
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