Les émissions des centrales électriques américaines auraient diminué au cours de l’année 2022, en raison du passage du très polluant charbon au gaz naturel, selon l’agence Reuters. Quelle est la part de vérité dans cette annonce ?

Selon ces informations, suivies par l’Agence américaine de protection de l’environnement (APE), les émissions des centrales électriques états-uniennes (à l’exception de celles de l’Alaska et d’Hawaï) auraient baissé en 2022, malgré une hausse de 2 % de la production.

D’après un rapport publié le 24 février 2023 par l’APE, cette percée serait le résultat d’un remplacement progressif de l’utilisation du charbon par le gaz naturel. Un remplacement qui s’expliquerait par des considérations économiques et environnementales, citant l’amenuisement et le coût élevé du charbon. Notant que les expéditions de charbon vers les centrales électriques en question ont chuté de plus de moitié (53 %), entre 2010 et 2021, la production de ce combustible ayant diminué dans le pays. Ainsi, ces centrales auraient englouti 449 millions de tonnes de charbon en 2021, contre 957 millions de tonnes en 2010.

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Le rapport indique que les émissions composant le smog (oxyde d’azote et dioxyde de soufre) ont diminué de 4 % en 2021 et de 10 % en 2022. Le smog est un mélange de gaz et de particules, observable dans l’air sous forme de brume sèche, affectant la santé et l’environnement. Les deux principaux polluants qui composent le smog sont l’ozone troposphérique et les particules. Ce rapport indique, par ailleurs, que les émissions de mercure de ces centrales, une neurotoxine qui peut s’accumuler dans l’environnement et rendre dangereuse la consommation fréquente de certains poissons, ont diminué de 3 %.

Toujours sur le podium des plus gros pollueurs au monde

L’APE ne mentionne pas, néanmoins, les émissions de méthane, qui est un puissant gaz à effet de serre provenant de l’industrie du gaz naturel, dont on sait qu’il constitue une source d’émission contre laquelle les écologistes mettent en garde. Il faut rappeler que les États-Unis sont le plus gros exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, avec 81,2 millions de tonnes de GNL exportées en 2022.

Malgré cette légère baisse, les États-Unis occupent toujours la troisième place mondiale en matière d’utilisation du charbon pour la production électrique, après la Chine et l’Inde, avec près de 1 000 térawattheures (TWh) en 2022. Ce qui fait du pays de l’Oncle Sam l’un des plus grands pollueurs de la planète. En 2021, les émissions totales de gaz à effet de serre y étaient estimées à 5,1 milliards de tonnes métriques d’équivalent dioxyde de carbone (CO2). Soit 16 tonnes par habitant par an, ce qui équivaut à 12,6 % des émissions mondiales, estimées à 40,6 milliards de tonnes. Le dioxyde de carbone, qui est produit principalement à partir de combustibles fossiles, constitue la plus grande part des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis, soit 80,1 % des émissions totales.

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Transports et production d’électricité : deux champions des émissions

Il faut savoir que la production de l’électricité aux États-Unis est dominée par les combustibles fossiles, avec 60,1 % en 2021, dont 21,6 % pour le charbon et 38,1 % pour le gaz. La part du nucléaire est de 18,7 %, et celle des énergies renouvelables, de 20,9 % (hydroélectricité : 6,2 %, éolien : 9,1 %, solaire : 4,0 %, etc.). Cette dépendance des énergies fossiles s’explique par la forte demande en électricité, sachant qu’un citoyen américain consomme chaque année quatre fois la moyenne mondiale.

Enfin, le pays fait des efforts pour se passer du charbon, en envisageant par exemple de fermer 11 centrales dans l’Illinois, d’ici 2025, en plus de celle de Louisiane, déjà arrêtée depuis 2021. Celles-ci seront remplacées par des fermes solaires associées à des batteries de stockage, rapportent des sources médiatiques. Mais tout cela demeure insuffisant.

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