Si la Chine est réputée dans le secteur du stockage d’énergie, les États-Unis réalisent, eux aussi, des avancées marquantes en la matière. Rien qu’au troisième trimestre 2022, le pays enregistrait 1 444 MW et 5 189 MWh de capacité nouvellement stockée. Batteries, pompage-turbinage (STEP), air comprimé… les technologies de stockage qui y sont déployées sont variées.

Aux États-Unis, le stockage d’énergie connaît une croissance impressionnante. La capacité de stockage installée en l’espace de quelques mois se compte non pas en mégawattheures (MWh), mais en gigawattheures (GWh). Emmagasiner de l’énergie permet effectivement d’équilibrer production et consommation sur le réseau électrique. C’est également un levier important de la transition énergétique sachant qu’il permet de compenser la forte variabilité des énergies solaire et éolienne.

Selon le rapport trimestriel de l’association Wood Mackenzie Power & Renewables, le pays a déployé plus de 5 GWh de stockage entre juin et septembre 2022. Pour se faire une idée, c’est l’équivalent de 5 h 30 de production à pleine puissance d’un réacteur nucléaire de palier CP (900 MW). Ce chiffre inclut les nouvelles installations à l’échelle du réseau (4,7 GWh), celles résidentielles (0,4 GWh) et celles du secteur industriel et commercial (0,05 GWh).

Battant un nouveau record trimestriel, cette hausse est si élevée qu’elle équivaut à près de la moitié du stockage total installé en 2021. La vitesse de progression n’est cependant pas la même sur tout le territoire américain, car certains États sont de loin plus productifs que d’autres.

À lire aussi Les 3 plus grands sites de stockage d’électricité du monde

Texas et Californie : les leaders du stockage aux US

Si le pays établit une hausse aussi importante en matière de stockage énergétique, c’est surtout grâce au Texas et à la Californie. Sur le trimestre évalué, les deux États détiennent 96 % de la totalité d’énergie stockée à l’échelle du réseau américain. Les nouvelles installations ont effectivement atteint plus de 4,5 GWh. De plus, selon le rapport de Wood Mackenzie Power & Renewables, les deux États figurent également parmi les leaders du stockage résidentiel.

Bien que remarquables, les progressions californiennes et texanes ne sont plus une surprise. En effet, au deuxième trimestre de l’année dernière, l’État de Texas occupait déjà la première place en ayant fourni plus de 2,6 GWh de stockage. Cela représentait 60 % de l’ensemble des nouvelles installations de mars à juin 2022.

À lire aussi Ce gigantesque projet de stockage d’électricité que la France a mis de côté

La Californie, quant à elle, est déjà réputée pour accueillir ce qui est, à ce jour, la plus grande batterie du monde. Celle-ci est située à Moss Landing, au sud de San Francisco, et déploie une capacité de 0,4 GW/1,6 GWh. Derrière le Texas et la Californie se placent Porto Rico et Hawaï qui connaissent également un essor important du stockage d’électricité.

Une croissance encore plus grande à l’avenir

Bien qu’elle progresse, la filière du stockage d’énergie rencontre des difficultés ayant pour effet d’ajourner la réalisation de plusieurs projets au-delà de 2022. En raison de ces reports, les analystes de Wood Mackenzie s’attendent à une augmentation encore plus impressionnante des puissances de stockage installées durant les prochaines années.

Le principal problème rencontré concerne la chaîne d’approvisionnement des matières premières pour batteries. Le prix des principaux matériaux, notamment le carbonate de lithium, le sulfate de cobalt et le sulfate de nickel, flambe depuis maintenant quelque temps. D’autre part, les séquelles économiques laissées par la COVID-19 se font toujours ressentir, ralentissant également le déploiement des projets. À ces désagréments s’ajoute la longe attente pour obtenir un raccordement au réseau public, un problème qui concerne les nouvelles installations.

À lire aussi Ces propriétaires de batteries Tesla gagnent de l’argent en aidant le réseau électrique

Mais si certains porteurs de projets sont contraints de retarder les travaux, d’autres le font par choix. En cause, un crédit d’impôt soutenant l’énergie propre serait bientôt introduit. Les développeurs s’attendent donc à percevoir cette aide à l’investissement de leur projet de stockage. Un crédit qui sera pourtant attribué à seulement quelques installations triées au volet.

« Certains développeurs ont envisagé de reporter des projets à 2023 pour recevoir des crédits d’impôt de la loi sur la réduction de l’inflation, mais cela ne s’applique qu’à un segment très restreint de projets. », déclare ainsi l’une des analystes de l’association Wood Mackenzie Power & Renewables.