Le Chili continue sa percée pour devenir un acteur majeur de la production d’énergies renouvelables. Le 20 février 2023, la société AES Andes, filiale d’AES Corporation, a déposé une étude d’impact environnemental pour un méga projet de centrale hybride. Celui-ci devrait être implanté dans la région d’Antofagasta, au Chili. Il associera l’éolien et le solaire à un vaste parc de batteries pour une capacité de stockage dépassant les 3000 MWh et un montant avoisinant les 800 millions de dollars américains.

Le concept des centrales de production d’énergie hybrides n’est pas nouveau. Aux Pays-Bas par exemple, le “Energy Park Haringvliet” inauguré au printemps 2022 est également équipé d’un parc photovoltaïque, d’éoliennes et d’un ensemble de batteries. Associer ces deux moyens de production à une solution de stockage permet de gommer les défauts liés au caractère intermittent du solaire et de l’éolien. Grâce à la combinaison de ces trois éléments, il est notamment possible d’atténuer les pics de puissance et de soutenir la distribution d’énergie même lorsque la production est plus faible.

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Les 60 MW de puissance cumulée de l’Energy Park néerlandais font en revanche pâle figure face aux 392 MW de la future centrale chilienne. Selon AES Andes, celle-ci sera en effet dotée de :

20 éoliennes de 7 MW pour une puissance cumulée de 140 MW.
2 parcs de panneaux solaires pour une puissance cumulée de 252 MWc.
1 système de stockage par batterie lithium-ion d’une capacité totale de 3 100 MWh.

La solution de stockage, communément appelée BESS (Battery Energy Storage Solution) devrait atteindre une puissance totale de 623,5 MW. Cela permettra, grâce aux 3 100 MWh de capacité, de soutenir la distribution d’électricité pendant près de 5 heures. Pour cette solution de BESS lithium-ion, le groupe AES n’a pas encore choisi de partenaire. Il pourrait cependant se tourner vers Fluence, une entreprise internationale spécialisée dans le stockage d’énergie avec laquelle il a déjà travaillé.

La centrale s’étendra sur près de 573 hectares. À titre d’exemple, c’est 200 hectares de plus que la plus puissante centrale solaire de France, située au sud de Bordeaux. Pour rappel, celle-ci a une puissance crête de 300 MWc.

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Le Chili, un acteur émergent des énergies renouvelables

Depuis plusieurs années, le Chili encourage le développement des énergies renouvelables sur son territoire. Le pays ambitionne d’atteindre les 100 % d’énergie verte en 2040, notamment grâce au solaire et à l’éolien. En parallèle, cette montée en puissance des énergies renouvelables lui permettrait de devenir l’un des plus grands producteurs d’hydrogène et d’ammoniac verts au monde.

Dans son rapport de décembre 2022, l’Agence Internationale pour l’Energie (EIA) annonçait que le Chili pourrait avoir doublé sa capacité de production d’énergie renouvelable d’ici 2027. On voit ainsi les projets d’envergure se multiplier, en particulier dans la région d’Atacama. On pense notamment au Cerro Dominador, une impressionnante centrale thermique solaire de 110 MWh ou la centrale photovoltaïque de 146 MWc d’EDF Renouvelables située à Bolero.

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Le désert d’Atacama, un site idéal pour exploiter l’énergie solaire

Il faut dire que le Chili dispose d’atouts de taille pour produire de l’énergie. L’Atacama, au nord du pays, est non seulement le désert le plus aride au monde, mais aussi l’endroit où le rayonnement solaire est le plus élevé. Les niveaux d’irradiation peuvent dépasser les 3 000 kWh/m²/an. À titre de comparaison, la Provence n’en est qu’à 1600 kWh/m²/an. Ces niveaux exceptionnels sont dus à plusieurs facteurs dont principalement l’altitude et la sécheresse extrême de l’air.