Jamais la France n’avait envoyé autant d’électricité à ses voisins. Profitant d’un hiver doux et d’une abondante production nucléaire et éolienne, l’Hexagone a atteint jusqu’à 20,3 GW de puissance instantanée exportée, le 3 janvier 2024. L’année vient juste de commencer et relègue déjà le précédent record du 22 décembre 2023 avec 18,7 GW.

« Ce début d’année donne une illustration concrète des bénéfices du système électrique pour le consommateur ou l’environnement », se félicite Réseau de transport d’électricité (RTE). Dans la continuité du précédent record de décembre 2023 (18,7 GW), la France soutient ses voisins européens en exportant massivement sa production d’électricité bas-carbone. Les 20 269 MW, record absolu atteint le 3 janvier à 15h30, ont pris la direction de l’Angleterre (3 GW), l’Espagne (2,7 GW), l’Italie (3,7 GW), la Suisse (3,2 GW), l’Allemagne et la Belgique (7,6 GW). Les interconnexions transfrontalières fonctionnent à plein régime, et sont renforcées notamment avec la dernière mise en service 2023, Savoie-Piémont.

Schéma de la production d’électricité en France le 3 janvier 2024. En gris, les exports. En vert, la production éolienne. En jaune, la production nucléaire. / RTE Eco2mix.

Des exports bénéfiques pour l’environnement ?

« Ces conditions favorables ont permis d’enregistrer, les 2 et 3 janvier 2024, des journées totalement décarbonées » en éliminant (presque) tout le gaz, charbon et fioul dans la production d’électricité. L’impact carbone particulièrement faible de la production électrique française, qui s’élevait à 17 g de CO2 par kilowattheure (gCO2/kWh) selon ElectricityMaps au moment du pic d’exportation, plaçait la France en championne devant notamment la Belgique (66 gCO2/kWh), les Pays-Bas et l’Espagne (98 gCO2/kWh), la Grande-Bretagne (183 gCO2/kWh) et l’Allemagne (196 gCO2/kWh).

Porté par un vent soutenu, entraînant 75 % des éoliennes du territoire national, « la France a ainsi atteint son maximum historique de production éolienne à 14 h. » Avec 17,4 GW, soit 29 % de la consommation d’électricité, l’éolien était la deuxième source de production après le nucléaire. La disponibilité du nucléaire était supérieure à celle de l’année passée, avec près de 47 GW atteints lors du pic de consommation. La disponibilité du nucléaire augmentera légèrement jusqu’à atteindre un plateau en 2026.

À lire aussi Ce montant ahurissant que la France a payé pour importer de l’électricité en 2022

Un hiver doux qui fait plonger la consommation d’électricité

RTE relève « de faibles consommations, en lien avec la baisse structurelle de la consommation observée depuis fin 2022 et avec une baisse plus conjoncturelle pendant la période des fêtes de fin d’année (particulièrement lors des creux de consommation l’après-midi et la nuit) et du fait des températures au-dessus des normales de saison. » À 15 h ce mercredi 3 janvier 2024, l’électricité française partageait, avec l’Espagne et le Portugal, l’électricité la moins chère. Les 66 euros par mégawattheure (€/MWh) devançaient l’Allemagne (67 €/MWh), l’Angleterre (87 €/MWh) et l’Italie du nord (107 €/MWh).

La France a pu soutenir ses voisins européens et faire globalement baisser les prix. « La semaine prochaine [cette semaine, NDLR], des consommations d’électricité en hausse sont prévues avec la reprise de l’activité économique et des températures annoncées en dessous des normales de saisons. La production française pourra couvrir les consommations sur le territoire, avec une pointe estimée à 83,5 GW mercredi 10 janvier. Même si aucune vigilance particulière n’est à prévoir pour la sécurité d’approvisionnement, la France pourra si besoin compter sur ses capacités d’import. »