Le Conseil constitutionnel a rendu, le 13 mai, une décision concernant les micro-centrales hydroélectriques et la continuité écologique. Il a confirmé que les exemptions dont bénéficient certaines installations ne sont pas contraires à la Constitution. 

Il existe environ 18 000 « moulins à eau »  dans l’Hexagone. Si la plupart d’entre eux ne produisent qu’une faible quantité d’électricité, ils représentent au total une part significative de la production d’énergie verte du pays. Problème : ils constituent aussi, très souvent, des obstacles  à la libre circulation des poissons. En vue de protéger la biodiversité, ces installations doivent donc, selon la loi, être « traitées », c’est-à-dire aménagées pour permettre un passage des poissons, sinon être démantelées.

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Deux listes

La question a connu de multiples évolutions législatives par des modifications régulières du Code de l’environnement. Lors d’un débat tenu l’année dernière au sénat, l’idée que « la continuité écologique des cours d’eau ne saurait en aucune façon servir de prétexte à des obligations de destruction de moulins à eau » avait été défendue. Dans la foulée, les sénateurs ont voté plusieurs règles.

Tout d’abord, les préfectures doivent établir une première liste de cours d’eau « en très bon état écologique », lesquels doivent « jouer le rôle de réservoirs biologiques »  et nécessitent « une protection complète des poissons migrateurs ». Sur ces cours d’eau, « aucune autorisation ou concession ne peut être accordée pour de nouveaux ouvrages s’ils constituent un obstacle à la continuité écologique ».

Une deuxième liste doit établir les cours d’eau « dans lesquels il est nécessaire d’assurer le transport suffisant des sédiments et la circulation des poissons migrateurs ». Sur ceux-ci, les installations doivent être « gérées, entretenues et équipées »  de façon à permettre la continuité écologique, mais sans pour autant « que puisse être remise en question leur utilisation actuelle ou potentielle, en particulier aux fins de production d’énergie ». En clair, la loi ne permet pas le démantèlement des centrales hydroélectriques situées sur les cours d’eau de cette seconde liste.

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Des associations contestent la constitutionalité de la loi

Une décision qui n’a pas plu à plusieurs associations de protection de la nature, dont France Nature Environnement (FNE). Elles « reprochent à ces dispositions d’exempter désormais les moulins à eau de toutes les obligations et prescriptions que l’administration peut édicter pour assurer la migration des poissons et le transport des sédiments ». D’après ces ONG, cela serait en contradiction avec un article de la Charte de l’environnement, à valeur constitutionnelle, lequel  précise que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ».

Les associations estiment également que ces prescriptions instaurent « une différence de traitement injustifiée entre les moulins à eau équipés pour la production hydroélectrique et les autres ouvrages hydrauliques ». Elles ont dès lors saisi le Conseil constitutionnel, dont la mission consiste à vérifier la constitutionalité des textes légaux.

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Les exemptions dont bénéficient certaines centrales sont conformes à la constitution

Dans leur décision prononcée le 13 mai, les « Sages » leur ont donné tort car d’après eux, la loi entend « non seulement préserver le patrimoine hydraulique mais également favoriser la production d’énergie hydroélectrique qui contribue au développement des énergies renouvelables ». Et de ce fait, elle « poursuit des objectifs d’intérêt général »

La décision précise aussi que les exemptions contestées par France Nature environnement n’exonèrent pas les centrales concernées de l’obligation de « maintenir un débit minimal garantissant en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces aquatiques ». En outre, elle rappelle que ces exemptions ne peuvent pas s’appliquer aux cours d’eau de la première liste, lesquels sont censés être « en très bon état écologique », et doivent le rester.

En conclusion, les dispositions légales attaquées par les associations environnementales sont conformes à la constitution, ont déclaré les Sages et il n’y a pas lieu de les modifier. Les propriétaires des milliers de microcentrales françaises peuvent respirer, elles sont sauvées !

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