À l’instar d’autres pays européens, le Royaume-Uni dépend largement de la Chine pour ses approvisionnements en produits solaires. Mais cela pourrait bientôt changer. Un nouvel amendement gouvernemental a été récemment introduit pour empêcher l’entreprise énergétique publique britannique d’importer des composants solaires chinois suspectés d’être issus du travail forcé.
« Une chaîne d’approvisionnement exempte de travail forcé » : c’est ainsi que le Royaume-Uni imagine le futur de son industrie solaire qui, pour le moment, est encore à 40 % dépendante de la Chine. Depuis plusieurs années, la région chinoise du Xinjiang est régulièrement accusée par les médias et les organisations de défense des droits humains d’exposer les Ouïghours (une minorité ethnique musulmane) à des pratiques de travail forcé. Pourtant, près de 40 % du silicium chinois, composant de base des panneaux solaires, provient justement de cette région.
Afin d’assurer une chaîne d’approvisionnement plus éthique, le gouvernement britannique a ainsi introduit un amendement interdisant à son entreprise énergétique Great British Energy d’acheter des produits solaires potentiellement liés à l’esclavage moderne. Porté par le ministre britannique de l’Énergie, Ed Miliband, cet amendement devra toutefois encore être soumis à un vote parlementaire pour entrer en vigueur.
À lire aussiTravail forcé et abus de droits humains dans la filière de batteries de stockage : quelle solution ?L’une des principales inquiétudes suscitées par cette décision concerne sans aucun doute l’éventuel impact sur les objectifs climatiques du Royaume-Uni. Pour rappel, le pays vise un mix électrique 100 % décarboné d’ici seulement 2030. Les renouvelables (solaire et éolien) devraient constituer l’épine dorsale de la transition énergétique britannique en représentant à eux seuls 80 % du total. Pour le solaire en particulier, l’objectif fixé est d’envergure : atteindre entre 45 et 47 GW, soit le triple de la puissance actuelle.
Confiante, l’entreprise Great British Energy assure que cette mesure n’entravera pas le déploiement du solaire. « Cet amendement ne menace ni l’atteinte d’une énergie propre d’ici 2030, ni la neutralité carbone d’ici 2050 », affirme-t-elle dans un communiqué. Certains politiciens craignent cependant que la décision compromette les engagements du pays. C’est le cas d’Andrew Bowie, homme politique du parti conservateur, qui estime que cet amendement pourrait affecter les objectifs fixés par le gouvernement.
À lire aussiRecord de production d’électricité bas-carbone pour le Royaume-Uni en 2024Si cette nouvelle loi entre en vigueur, l’entreprise énergétique publique britannique prévoit de se tourner vers des fournisseurs nationaux et internationaux dont les chaînes d’approvisionnement sont jugées « sûres ». Mais comment s’en assurer ? Il faut savoir que le gouvernement britannique a déjà mis en place un groupe de travail appelé « Solar Taskforce », chargé de rendre la filière solaire plus écologique, plus éthique et indépendante de tout fournisseur suspecté de pratiques douteuses.
Par ailleurs, l’initiative européenne « Solar stewardship initiative » (SSI), lancée en collaboration avec l’association SolarPower Europe, vient renforcer ces efforts. Celle-ci vise à certifier que les usines de fabrication de panneaux respectent les normes éthiques, notamment en garantissant l’absence totale d’esclavage moderne dans leurs chaînes d’approvisionnement. Les entreprises certifiées SSI auront la capacité de produire jusqu’à 100 GW de panneaux solaires par an, de quoi répondre largement au besoin du Royaume-Uni.
Reste désormais à savoir si cette proposition sera adoptée lors du vote au Parlement. Rappelons qu’il a à peine un mois, un amendement similaire avait été présenté, mais il avait été rejeté par les ministres.
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