AccueilNucléaireComment le TGV a mystérieusement brouillé un complexe de recherche scientifique

Comment le TGV a mystérieusement brouillé un complexe de recherche scientifique

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Par Laurent GAUTHIERPublié le 20 juin 2025
Illustration modifiée par IA à partir d'images réelles.

Ce fut un mystère qui résista à l’analyse des plus grands chercheurs de la planète. Et ce, pendant plusieurs années. Et la réponse s’est avérée si triviale, qu’elle est entrée dans la légende. Puis, le temps passant, elle a été oubliée. Comme elle concerne nos sujets de prédilection, nous ne pouvions pas nous permettre de ne pas la remettre en lumière.

Le LEP (Large Electron Positron collider) a été un des plus importants accélérateur de particules du monde. En fonctionnement de 1989 à 2000, il a ensuite été remplacé en 2008 par le LHC (Large Hadron Collider). S’y sont déroulé des expériences d’une grande importance pour la compréhension de la matière. On y faisait entrer en collision à haute énergie des électrons et des positrons (l’antiparticule de l’électron), dans l’objectif d’étudier les forces fondamentales qui lient les noyaux des atomes.

Or, les chercheurs avaient détecté une fluctuation périodique inexpliquée du faisceau. Elle débutait à quatre heures du matin, empirait régulièrement par épisodes au cours de la matinée, puis à nouveau au cours de l’après-midi, et cessait à minuit. Personne ne savait l’expliquer, au point qu’une prime soit proposée à celui qui parviendrait à en trouver la source – une prime sous la forme d’une bouteille de champagne.

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Mais la prime n’est pas allée à un chercheur du CERN. En effet, c’est un ingénieur de la compagnie d’électricité suisse EOS qui a trouvé la réponse. La cause était le TGV qui circulait entre Genève et Paris, dont le rail passait à quelques kilomètres de l’accélérateur de particules. Et c’est une grève des cheminots français en fin novembre 1995 qui a mis la puce à l’oreille : le signal parasite avait alors brusquement disparu.

Il faut savoir que le TGV est alimenté en électricité par des lignes aériennes, et que le courant retourne ensuite dans le réseau électrique au travers du rail. Mais ce même rail est connecté à la terre. Il en résulte qu’une partie du courant passe ainsi par la terre pour faire le même chemin. Et ce courant cherche alors ce qu’il existe de mieux comme conducteur électrique dans l’environnement. L’enveloppe du LEP, en aluminium, était un formidable conducteur électrique. Le courant vagabond, issu du rail du TGV, l’empruntait donc, générant ainsi le mystérieux parasite.

Cela fit sans doute du LEP le moyen le plus coûteux qui existe de vérifier que le TGV partait bien à l’heure. Mais heureusement, il fit de nombreuses autres découvertes !

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