AccueilNucléaireFinancement du nouveau nucléaire : la France a envoyé son plan à l'Europe et croise les doigts

Financement du nouveau nucléaire : la France a envoyé son plan à l'Europe et croise les doigts

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Par Hector PIETRANIPublié le 14 décembre 2025
Le chantier de la centrale nucléaire de Cattenom en 1981 / Image : Archives municipales de Thionville./

La France a officiellement transmis à la Commission européenne le montage d’aides d’État destinées à financer les six futurs réacteurs EPR2 d’EDF. Le programme de 70 milliards d’euros n’est pas attendu avant 2038.

C’est un passage obligé pour toute aide d’État européene : la notification à la Commission européenne. Paris l’a effectuée le 19 novembre, la Commission devrait prendre un an pour le valider et/ou l’amender. Dans le dossier transmis par la Délégation interministérielle au nouveau nucléaire et le ministère de l’Économie, l’État détaille les modalités exactes des aides envisagées, leur justification économique et les mécanismes destinés à limiter les distorsions de concurrence sur le marché européen de l’électricité.

Bruxelles doit désormais évaluer si le montage respecte les règles encadrant les aides d’État et surtout s’il est « proportionné » au regard du risque financier du projet. La France considère ce soutien indispensable pour garantir le lancement du programme EPR2 dont aucun acteur privé n’accepterait de porter seul les risques techniques et financiers. L’exécutif espère obtenir une décision de la Commission avant la présidentielle de 2027 afin de sécuriser les conditions de financement d’EDF et d’éviter une remise en cause politique du projet.

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EDF, maitre d’ouvrage et exploitant

Pour convaincre Bruxelles, Paris s’est largement appuyé sur le dossier des réacteurs tchèques de Dukovany, déjà approuvé par la Commission. Le schéma français en reprend les grandes lignes à la différence qu’EDF cumule le rôle de maître d’ouvrage et d’exploitant, là où la République tchèque distingue l’industriel constructeur et l’énergéticien CEZ. Le niveau de risque porté par EDF est donc plus élevé, ce qui justifie, selon Paris, un soutien public plus important et un partage des risques adapté.

Le cœur du dispositif proposé est inchangé : un prêt public à taux zéro couvrant 50 à 60 % du coût du programme accordé via la Caisse des dépôts. L’enveloppe serait fixe, mais sa part réelle dépendrait du montant final des travaux. EDF n’a toujours pas remis son devis actualisé, cela fait déjà un an de retard. La dernière estimation disponible s’établissait à 67,4 milliards d’euros (euros de 2020). Les projections avoisinant désormais les 70 milliards, voire 100 milliards une fois les coûts de financement intégrés (intérêts, etc.).

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Pourquoi les coûts sont-ils bien plus élevés que le premier programme nucléaire ?

C’est d’abord l’effet d’un renforcement des normes de sûreté : récupérateur de corium post-Tchernobyl, protections anti-tsunami après Fukushima, diesels d’ultime secours, résistance accrue aux attaques aériennes ou cyber. Les centrales deviennent bien plus complexes que celles construites dans les années 1970-1980. La flambée du prix des matériaux, des équipements industriels et des composants électriques tirée par l’inflation galopante dans un contexte de tensions mondiales sur les chaînes d’approvisionnement n’arrange pas la hausse de la facture.

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