Un rapport international révèle que les vingt principaux pays producteurs d’énergies fossiles prévoient, d’ici 2030, d’extraire presque deux fois plus de charbon, de pétrole et de gaz que ce qui serait compatible avec l’Accord de Paris.
L’expression « les gaziers », en savoyard, signifie « les amis ». Mais il n’est pas nécessaire d’être savoyard pour comprendre que les pétrogaziers ne sont pas les alliés du climat. Derik Broekhoff, chercheur à l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI) et coauteur de l’étude, souligne que « les gouvernements, au total, prévoient de produire beaucoup plus d’énergies fossiles que ce qui serait cohérent avec une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C ».
À lire aussiLa puissance solaire installée dans le monde va exploser, mais cela ne suffira pasLes ambitions affichées lors de la COP21 à Paris en 2015 s’éloignent chaque année davantage de la réalité des politiques énergétiques. Selon le rapport corédigé avec l’Institut international du développement durable (IISD) et l’institut Climate Analytics, les vingt principaux pays producteurs d’énergies fossiles prévoient d’extraire, d’ici 2030, 77 % de charbon, de pétrole et de gaz en plus par rapport à une trajectoire compatible avec un réchauffement limité à 1,5 °C.
En 2023, les experts estimaient déjà cet excédent à 110 %. Il atteint désormais 120 %, preuve que l’écart avec les objectifs climatiques se creuse au lieu de se réduire. Le rapport souligne que ce désalignement ne se limite pas aux prochaines années : la production de charbon devrait croître jusqu’en 2035 et celle de gaz jusqu’en 2050.
Les vingt pays étudiés représentent environ 80 % de la production mondiale de combustibles fossiles. Parmi eux, dix-sept projettent d’augmenter la production d’au moins une énergie fossile dans la décennie à venir. Les auteurs pointent ainsi l’écart croissant entre les discours et les actes. Alors que plusieurs États annoncent des objectifs de neutralité carbone, leurs plans d’investissement continuent de privilégier l’expansion pétrolière et gazière ou la prolongation de l’usage du charbon.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) rappelle que, pour respecter l’Accord de Paris, aucune nouvelle infrastructure fossile majeure ne devrait voir le jour. Or, la réalité est tout autre : projets d’exploration, nouvelles centrales à charbon et terminaux méthaniers se multiplient.
À lire aussi1 milliard de tonne de charbon produit : pourquoi l’Inde en est si fière ?Cette dissonance a des implications directes. Selon le GIEC, chaque fraction de degré supplémentaire accroît les risques de vagues de chaleur meurtrières, de pertes agricoles et d’événements extrêmes. L’augmentation de la production fossile verrouille par ailleurs des émissions pour plusieurs décennies.
Le rapport n’épargne aucun grand producteur, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Russie, de la Chine, de l’Inde ou des pays du Golfe. Mais il dénonce aussi la responsabilité des gouvernements qui, tout en promouvant les énergies renouvelables, continuent de soutenir leurs champions nationaux du pétrole et du gaz.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Ne ratez plus les dernières actualités énergetiques
S'inscrire gratuitement