AccueilSolaireLicenciements massifs, fermetures d'usines : pourquoi l’industrie solaire chinoise est en crise

Licenciements massifs, fermetures d'usines : pourquoi l’industrie solaire chinoise est en crise

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Par Miotisoa RANDRIANARISOAPublié le 8 août 2025
Image générée par IA.

Jinko Solar, Longi, JA Solar… À voir les marques chinoises de panneaux solaires inonder notre marché, on pourrait croire que l’industrie solaire en Chine est au sommet de sa réussite. Pourtant, ces entreprises traversent depuis un certain temps une phase difficile qui les a conduites à de lourdes pertes. Nombre d’entre elles ont même dû procéder à d’importants licenciements.

Il y a quelques années, Pékin avait identifié plusieurs nouveaux secteurs porteurs, dont le solaire. À coups de soutiens gouvernementaux, l’industrie du photovoltaïque a ainsi connu une croissance phénoménale. La filière a atteint une telle ampleur qu’elle a réussi à pulvériser des entreprises européennes qui sont, les unes après les autres, tombées en faillite.

Mais depuis quelque temps, l’industrie chinoise est devenue victime de son succès. La production était si importante que la filière s’est retrouvée en surcapacité. Une situation qui s’est aggravée avec une baisse de la demande du marché, ainsi que la hausse exorbitante des droits de douane imposés par les Américains. Force est aujourd’hui de constater que l’industrie chinoise, qui devait améliorer l’économie nationale, est en train de vaciller. En témoignent la fermeture de plusieurs entreprises et les licenciements massifs observés chez certains géants du secteur.

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87 000 employés licenciés

Selon une enquête du média Reuters, plusieurs grandes entreprises solaires ont drastiquement réduit leurs effectifs en 2024. Longi Green, Trina Solar, Jinko Solar, JA Solar et Tongwei ont licencié au total près de 87 000 employés sur cette période, soit environ 31 % de leurs effectifs. À cela s’ajoutent des départs volontaires motivés par la dégradation des conditions de travail (baisse du salaire, diminution des nombres d’heures travaillées, etc.). En outre, depuis 2024, une quarantaine d’entreprises spécialisées dans le solaire se seraient retirées de la bourse, auraient fait faillite ou auraient été rachetées.

Les difficultés rencontrées par l’industrie sont directement liées à la situation de surcapacité actuelle. Pour avoir une idée, la production mondiale de panneaux photovoltaïques est aujourd’hui deux fois supérieure à la consommation. Et la grande majorité de la production provient évidemment de la Chine. Pour écouler leurs stocks, les entreprises sont contraintes de baisser leurs prix, ce qui a eu pour effet de déclencher une véritable guerre des prix. Résultats, des pertes monumentales se sont accumulées : 40 milliards de dollars enregistrés en seulement un an.

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La Chine réussira-t-elle à remonter la pente ?

Face à la situation, la Chine semble vouloir redresser son industrie afin d’éviter un effondrement total du marché. En juin, les autorités de la province d’Anhui, dans l’est de la Chine, ont incité les dirigeants des entreprises solaires à arrêter les lignes de production fonctionnant à seulement 30 % de leur capacité, et à cesser d’ouvrir de nouvelles usines. Par ailleurs, le président chinois a appelé à mettre un terme à la guerre des prix.

Cependant, sans mesures concrètes, rien ne garantit que ces réactions permettent de remonter la pente. De plus, selon les analyses de Reuters, les autorités locales peineront à s’accorder sur une stratégie commune. En effet, dans certaines régions, les consignes de restriction de production pourraient être ignorées, car les responsables locaux sont évalués en fonction du nombre d’emplois créés ou maintenus, ainsi que de la croissance économique de leur territoire. Ils ne voudraient donc pas que les entreprises locales soient fermées (rien que) pour servir la stratégie nationale. Autrement dit, ils protègent leurs intérêts, quitte à empêcher de régler le problème de surproduction au niveau national.

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