Soleil au zénith, bureaux déserts : la faible demande au regard de la production a fait vaciller le marché de gros de l’électricité. Pour la première fois depuis juillet 2024, les prix français sont passés en territoire négatif début mai.
Personne au bureau ou à l’usine, de longs week-ends et des jours cléments, ensoleillés avec une brise encore forte. Une demande en berne et une production bien plus grande. Conséquence : le 10 mai, le prix moyen journalier de l’électricité s’est établi à -1,05 euro le mégawattheure (€/MWh) selon Epex Spot.
La cause ? Un double déséquilibre. D’une part, une production solaire record, proche de 14 gigawatts selon Bloomberg. D’autre part, une consommation en berne, conséquence des jours fériés du mois de mai et de l’activité économique ralentie. Durant les ponts, les besoins électriques s’effondrent, notamment dans l’industrie et le tertiaire, tandis que le photovoltaïque inonde le réseau.
À lire aussiPrix négatifs de l’électricité : la France contrainte d’arrêter cinq réacteurs nucléairesCe phénomène n’est plus marginal, nous avions écrit sur ce sujet l’année passée (lire notre article). Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), la France a connu 359 heures de prix négatifs en 2024, soit 4,1 % du temps annuel – contre 147 heures en 2023. Ces épisodes se concentrent l’après-midi, quand le solaire culmine ainsi que les week-ends prolongés. « On installe des capacités de production plus vite que la demande ne croît », analyse Julien Teddé, directeur général du courtier Opéra Énergie, auprès du journal Les Echos. Car malgré la volonté d’électrifier les usages, la consommation stagne depuis la crise énergétique de 2022.
À court terme, les prix bas avantagent certains industriels électro-intensifs. Mais pour la filière énergétique, ils posent problème. En 2024, la CRE estime à 80 millions d’euros les pertes liées aux heures négatives. En cause également : des mécanismes de soutien aux renouvelables qui garantissent un revenu fixe à certaines installations, y compris lorsqu’elles injectent à perte.
À lire aussiÉlectricité à prix négatifs : comment le gestionnaire du réseau français veut y mettre finPour limiter ce signal prix déconnecté de la réalité physique de la consommation, le gouvernement a modifié les règles. Certaines installations récentes pourraient désormais être incitées à moduler leur production en fonction du marché. Car si les renouvelables sont appelées à croître encore, leur intégration au système devra s’accompagner de davantage de flexibilité.
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