Une PME française s’est associée à une entreprise danoise pour effectuer le dépannage d’une éolienne offshore située dans un parc suédois, grâce à une grue autoportée électrique. Une première mondiale, qui permet de réduire les nuisances liées aux opérations d’entretien des éoliennes en mer.

La maintenance et l’entretien des parcs éoliens en mer sont des opérations délicates. Ils génèrent des coûts importants et nécessitent beaucoup de temps. Ces interventions sont également polluantes, du fait de l’utilisation de gazole pour les camions qui acheminent à terre le matériel et les bateaux indispensables pour rejoindre le parc en mer. Des émissions de CO₂ en résultent inévitablement.

Pour réduire les coûts et préserver l’environnement, la PME française InnoVent, spécialisée dans le développement de parcs éoliens et solaires, a fait appel à l’entreprise danoise Liftra, experte en solutions de levage et de transport dans le secteur de l’industrie éolienne. Il s’agissait ici de remplacer une boîte de vitesses sur une des 8 éoliennes de 3 MW qui composent le parc offshore suédois situé sur le lac de Vänem. La société Liftra a fourni une grue électrique autoportée qui utilise l’éolienne comme support.

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Commercialisée sous l’appellation « LT-1200 », cette grue d’un nouveau genre permet d’effectuer de nombreuses réparations : « remplacement des principaux composants, allant des boîtes de vitesses, des générateurs, des transformateurs aux pales et même des rotors jusqu’à 78 tonnes », selon le site internet de Liftra.

Ce modèle présente de nombreux avantages. Plus léger (de 15 à 18 tonnes) que le modèle classique de 700 tonnes, il économiserait 200 litres de carburant par jour pour son utilisation. Et cela va plus loin en alimentant aussi « les autres équipements du chantier depuis l’éolienne (comme le bateau par exemple), pour économiser encore 100 litres par jour supplémentaires », promet la société.

Réduire la logistique pour l’environnement et le porte-monnaie

Pour acheminer la grue à terre, seuls 2 camions sont nécessaires au lieu des 15 habituels. En mer, une barge de taille réduite suffit également pour transporter le conteneur unique transportant la grue. Pour installer l’engin en haut de l’éolienne, des câbles suffisent à hisser le dispositif jusqu’à une base de grue, installée préalablement à l’intérieur de la nacelle. Les entreprises évoquent une économie de 13 000 litres de gazole et donc 35 tonnes de CO₂ par ce biais, sans préciser de contexte.

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La LT-1200 a une portée par défaut de 7 mètres, extensible jusqu’à 10 mètres pour les composants les plus légers. Elle peut également intervenir avec des vitesses de vent allant jusqu’à 18 m/s (64,8 km/h). Trois fois moins chère qu’un modèle standard, cette nouvelle grue est électrique. Équipée de batteries hybrides rechargeables, la grue se recharge notamment lorsque les composants sont descendus de la nacelle, par freinage régénératif. En cas de besoin, le branchement sur la turbine ou sur un générateur externe est possible.

Une durée d’intervention réduite

InnoVent est gagnante également sur la durée de l’intervention. L’opération a été réalisée en seulement trois jours contre une semaine habituellement, selon le communiqué de presse. Liftra précise sur son site qu’en principe, l’opération peut prendre jusqu’à 6 jours, « de l’arrêt de la turbine au redémarrage pour un fonctionnement normal, selon le composant et le type de turbine ». Et les délais d’attente pour bénéficier de la barge sont de ce fait réduits aussi (3 mois ici contre un an pour les bateaux classiques). Cette nouveauté devrait donc permettre de programmer plus facilement les chantiers de maintenance des éoliennes en mer.

Cette année, trois nouvelles opérations de dépannages sont d’ores et déjà programmées sur le même site éolien. Pour la suite, le projet serait de développer un nouveau modèle de grue permettant d’intervenir sur l’éolienne la plus haute d’Afrique, située au Maroc.

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