Renault et Valéo ont dévoilé la prochaine génération de moteur électrique pour véhicules automobiles. Elle est présentée plus compacte, plus respectueuse de l’environnement et sans terres rares. Mais qu’en est-il réellement ?

Les terres rares sont une famille d’éléments chimiques, dont par exemple, le néodyme ou le samarium, dont les propriétés chimiques et électromagnétiques sont uniques. Cela les rend particulièrement importantes non seulement pour la transition énergétique elle-même, mais également pour l’industrie de l’armement.

Or, la Chine contrôle 70 % de la production de terres rares. Et Beijing a bien compris l’importance stratégique de cette ressource, dont les facilités d’exportation sont régulièrement remises en cause en fonction des besoins diplomatiques. Ainsi, la Chine a annoncé début novembre avoir décidé de renforcer encore ses restrictions sur les exportations des terres rares, en représailles aux restrictions établies précédemment par les États-Unis au sujet des exportations de semi-conducteurs vers la Chine. Pris dans le conflit diplomatique entre la Chine et les États-Unis, qui se trouvent être par ailleurs le deuxième producteur de terres rares, l’accès futur à ces substances est donc de plus en plus perçu comme problématique.

Les moteurs à rotor bobiné

Aujourd’hui, la majorité des véhicules électriques sont équipés de moteurs électriques dits à aimants permanents. Dans ce type de moteur, le stator, c’est-à-dire la partie fixe, est constitué d’un bobinage et le rotor, c’est-à-dire la partie mobile, est constitué d’aimants permanents. Lorsque le bobinage du stator est alimenté en électricité, il génère un champ magnétique – il devient un électroaimant – qui va interagir avec celui produit par les aimants permanents, et entraîner la mise en rotation du rotor.

Problème : les aimants permanents sont constitués en grande partie (parfois plus de 30 % en masse), de terres rares, notamment le néodyme, le dysprosium ou le samarium. Or, nous l’avons vu, ces matières font l’objet d’enjeux géopolitiques mettant en péril notre capacité à nous en procurer. Il existe une solution, et elle consiste à remplacer les aimants permanents du stator par un électro-aimant, c’est-à-dire par un deuxième bobinage en sus de celui du stator. Cette technologie est connue sous le nom de moteur à rotor bobiné, et elle équipe déjà des véhicules électriques, et notamment ceux de Renault, par exemple, pour la Zoé et pour la Mégane.

Opération de bobinage d’un moteur 6AM à l’usine de Cléon / Image : Renault et Valeo.

La prochaine génération de moteurs électriques

Renault et Valeo viennent de communiquer au sujet de leur prochaine génération de moteur à rotor bobiné. Baptisé E7A, les caractéristiques de ce moteur sont alléchantes. Une puissance pouvant aller jusqu’à 200 kW et une compacité améliorée de 30 %. Cette caractéristique est intéressante, car les moteurs à rotor bobiné ont pour défaut d’être plus volumineux et lourds que leurs équivalents en technologie à aimants permanents.

Par ailleurs, le constructeur communique sur la baisse de 30 % de l’empreinte carbone liée à la fabrication. Et le tout sans terres rares. Cette dernière caractéristique permet de sécuriser l’approvisionnement en matériaux, et permet de garantir une indépendance vis-à-vis des pays producteurs de terres rares. En effet, il aurait été bien dommage de troquer une dépendance aux hydrocarbures en une dépendance aux terres rares.

Le moteur « all-in-one » E7A / Image : Renault et Valeo.