En avril dernier, l’Allemagne mettait ses dernières centrales nucléaires à l’arrêt. Mais le chef du gouvernement de la Bavière annonce que le pays pourrait faire marche arrière si les élections à venir profitaient à l’union CDU/CSU.

Début 2022, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne a été restreint. La décision a alors été prise de prolonger l’exploitation des dernières centrales nucléaires encore en fonctionnement dans le pays, au-delà de la date initialement prévue du 31 décembre 2022. Mais en avril 2023, l’Allemagne a bel et bien arrêté ses trois derniers réacteurs nucléaires.

La Bavière, bastion pronucléaire allemand

La décision a été vivement critiquée par le chef du gouvernement bavarois conservateur (CSU) Marcus Söder. Il faut dire que la région abritait l’une des dernières centrales nucléaires en fonctionnement du pays, la tranche n°2 de la centrale d’Isar, d’une puissance de 1 400 MW. Il y a dix ans, elle était même riche de cinq centrales nucléaires et d’importantes ressources hydroélectriques lui permettant de produire une électricité globalement bas-carbone. Mais elle n’a pas su remplacer sa production nucléaire progressivement arrêtée, en s’opposant au déploiement de l’éolien sur ses terres et en installant quelque 700 000 panneaux solaires « de peu d’utilité en hiver ». Résultat, la Bavière comptait avant la crise du gaz russe, essentiellement sur ce gaz-là pour produire son électricité.

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Dans une interview publiée mi-avril dans la presse allemande, Marcus Söder — qui a, un temps, été du camp des opposants fermes au nucléaire — expliquait que « tant que la crise n’est pas terminée et que la transition vers les énergies renouvelables n’est pas conclue avec succès, nous devons utiliser n’importe quel type d’énergie disponible jusqu’à la fin de la décennie ». Il appelait alors à créer une compétence des régions allemandes à ce sujet. La proposition avait été rapidement rejetée par le ministre allemand de l’Environnement.

Les prochaines élections pourraient ramener l’Allemagne vers le nucléaire

Les Verts allemands évoquaient alors une « manœuvre électorale » en vue des élections régionales qui doivent se tenir au mois d’octobre prochain. À l’occasion d’une nouvelle interview dans la presse allemande il y a quelques jours, Marcus Söder a confirmé sa volonté, au cas où l’union CDU/CSU rejoindrait le gouvernement, de voir l’Allemagne « réactiver son nucléaire » à compter de 2025, « si la crise énergétique est toujours d’actualité ».

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Justement, le cabinet de conseil américain Radiant Energy Group vient de rendre un rapport concluant que cette réactivation annoncée est possible aussi bien économiquement que techniquement. Six réacteurs nucléaires pourraient même être redémarrés en neuf à douze mois. Et deux de plus en deux à trois ans. Du moins, ceux pour lesquels le démantèlement des composants clés n’a pas encore commencé.

Grâce au fait, aussi, que leur état soit jugé « excellent ». Ils représentent une puissance totale de 10,7 GW, soit environ 30 % des besoins électriques de base de l’Allemagne. Les experts recommandent aussi l’arrêt des opérations de déconstruction sur les autres réacteurs. Les considérants comme « de bons candidats pour de futures réparations ». Au moins en attendant les résultats de la prochaine élection.