En mer du Nord, un projet d’agrandissement de parc éolien offshore a été validé sous réserve de la mise en œuvre de mesures de compensation environnementale. C’est dans ce cadre que le géant de l’énergie Ørsted a commencé la construction de structures de nidification artificielles pour une espèce d’oiseau menacée.

Ørsted, c’est une entreprise du secteur de l’énergie qui a vu le jour au Danemark. Elle a débuté sur le créneau des énergies fossiles au début des années 1970. Mais elle a aujourd’hui entamé sa transition et a, depuis quelques années déjà, investi le marché des énergies renouvelables. De l’éolien, notamment. Et si l’on parle d’Ørsted aujourd’hui, c’est parce que l’entreprise a commencé à construire des structures de nidification artificielles dans le cadre d’un projet de construction d’un parc éolien offshore au large du Royaume-Uni. Sur le site de Hornsea (mer du Nord) qui est d’ores et déjà le plus grand site éolien offshore du monde avec une puissance installée de plus de 2 600 mégawatts (MW). Les nouvelles éoliennes du parc Hornsea 3 devraient être mises en service en 2027 à plus de 120 km de la côte du Norfolk et 100 km de celle du Yorkshire. Elles viendront tout simplement doubler la puissance déjà installée.

En guise de compensation environnementale, Ørsted a prévu de construire, avant la fin mars de cette année, trois structures de nidification artificielles entre 1 et 1,5 km du rivage. Comportant chacune quelque 500 unités de nidification, ces structures seront destinées à accueillir des mouettes tridactyles (Rissa tridactyla). Car l’espèce figure sur la liste rouge des espèces menacées au Royaume-Uni. Sa population décline en effet dangereusement depuis 2000. Notamment à cause de pénuries alimentaires et du changement climatique. Une fragilité qui fait craindre aux scientifiques les impacts des parcs éoliens sur ces oiseaux de mer là en particulier.

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Une première, mais sûrement pas une dernière

L’opération est une première du genre. Et elle a été soigneusement préparée en collaboration avec des associations de protection de l’environnement et une équipe d’ornithologues, d’architectes et d’ingénieurs. Objectif : s’assurer que les structures s’intègrent parfaitement au paysage et attirent bien les mouettes tridactyles. Leurs formes rappellent ainsi celles des falaises dans lesquelles elles nichent naturellement. Elles offrent huit côtés pour offrir aux oiseaux un maximum d’options différentes selon l’ensoleillement et le vent.

Ørsted planifie déjà la construction d’autres de ces structures dans le nord-est de l’Angleterre. Toujours sur des emplacements et avec des caractéristiques spécifiques à l’environnement local. L’entreprise envisage même de réaffecter à terme certaines de ses plates-formes gazières offshore — déjà partiellement investies par les mouettes — à la nidification des oiseaux. Outre les mouettes tridactyles, les scientifiques pourraient aussi bénéficier de ces structures de nidification artificielles. L’occasion pour eux, peut-être, de mieux étudier et comprendre ces oiseaux en danger.

Avant de conclure, rappelons que selon les estimations de l’US Fish and Wildlife Service, les collisions avec des éoliennes — qui ne représentent potentiellement pas le seul problème pour les oiseaux — tuent, aux États-Unis, quelque 230 000 oiseaux chaque année. Un chiffre qui peut sembler conséquent, mais qu’il faut peut-être mettre en perspective avec celui des oiseaux morts dans des collisions avec des véhicules — presque 215 millions — ou avec des immeubles — pas loin de 600 millions. Et surtout avec celui des oiseaux tués par des chats : près de 2,5 milliards !

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