La publication récente de l’Agence de la transition écologique (ADEME) sur l’importation d’hydrogène et de ses dérivés offre un panorama détaillé des enjeux économiques, techniques et environnementaux autour de cette énergie émergente, aux horizons 2030 et 2050.
Face à l’impératif de décarbonation de l’économie européenne, l’hydrogène se présente comme une solution prometteuse pour réduire les émissions industrielles et énergétiques. En revanche, le rapport souligne les défis liés à la production, sous un dérivé ou sous forme d’hydrogène, et au transport d’hydrogène vert, par pipeline ou par bateau.
L’Union européenne s’est engagée à réduire significativement ses émissions de CO₂ d’ici 2050. Mais sa stratégie hydrogène est jugée « irréaliste » par la Cour des comptes européenne, dans un avis rendu en juillet 2024. « La Commission a fixé des objectifs trop ambitieux concernant la production et l’importation d’hydrogène renouvelable, censées atteindre chacune 10 millions de tonnes d’ici à 2030 », conclut ainsi le rapport. Mais qu’en est-il vraiment de la maturité de la production et du transport d’hydrogène ? Le rapport de l’ADEME montre que les capacités de production domestiques risquent d’être insuffisantes pour répondre aux ambitions climatiques. Par conséquent, l’importation d’hydrogène et de ses dérivés (comme l’ammoniac, le méthanol, l’e-kérosène utilisés pour faciliter le transport de l’hydrogène) devient une option sérieusement envisagée.
Coûts et faisabilité de l’importation d’hydrogène vert
Le rapport met en avant des analyses de coûts pour plusieurs scénarios d’importation à l’horizon 2030 et 2050. Les pays identifiés comme potentiels exportateurs disposent d’importantes ressources en énergies renouvelables, essentielles pour produire de l’hydrogène vert à un coût compétitif. Or, même dans les scénarios les plus optimistes, le coût de l’hydrogène importé reste supérieur aux alternatives fossiles. À titre d’exemple, l’importation d’H2 par pipeline depuis le Maroc coûte environ 5 euros par kilogramme (€/kg) et celui importé par voie maritime depuis le Chili coûte environ 7 €/kg. Produit en France, la fourchette va de 3,2 à 4,7 €/kg.
Mais en 2050, l’offre extérieure deviendra très compétitive. Il est alors urgent de sécuriser, pour les producteurs, un prix bas de l’électricité à travers des contrats à long terme, typiquement inférieurs à 50 euros le mégawattheure.
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L’un des principaux défis réside dans la logistique complexe et coûteuse du transport d’hydrogène sur de longues distances. En raison de sa faible densité énergétique par volume, le transport d’hydrogène nécessite soit une liquéfaction (dont le coût dépasse 1 €/kg H2), soit une conversion en dérivés plus stables (comme l’ammoniac), ce qui ajoute des étapes et des coûts. Aussi, l’étude évoque des pertes importantes par évaporation dans le cas du transport de l’hydrogène liquide. Pour répondre à ces défis, le rapport de l’ADEME explore des technologies en développement, telles que les pipelines sous-marins, qui pourraient faciliter le transport direct entre les continents.
Un marché encore incertain
Le rapport pointe également l’incertitude des prix de l’hydrogène sur le marché mondial, notamment en raison de la fluctuation des coûts des énergies renouvelables nécessaires pour sa production. En outre, la concurrence entre l’hydrogène local et importé reste incertaine : les pays producteurs cherchent, eux aussi, à intégrer l’hydrogène dans leurs propres systèmes énergétiques pour décarboner leurs industries, limitant potentiellement les volumes d’exportation disponibles.
L’ADEME recommande de consolider la filière hydrogène française. Avec des besoins qu’elle estime entre 660 et 1 480 kilotonnes à 2030, il est « nécessaire et stratégique » d’investir dans son stockage en cavités salines. Mais « les capacités de stockage pourraient ne pas être suffisantes au regard des besoins de flexibilité et des volumes de consommation » : des interconnexions avec d’autres pays sont à étudier sérieusement.
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La technologie (production,transport,stockage,consommation) de l hydrogene en est encore a ses debuts. Il faudra sans encore plusieurs annees pour avoir quelque chose de coherent et realiste. C est comme l eolien et le solaire. On aura mis 20 ans pour en faire des champions de la production electrique; pas cher et production de masse !!!
Typiquement le commentaire de celui qui a rien compris….
Bravo.
Pas un mot de l’hydrogène blanc, abondant dans le sous-sol lorrain (et quelques autres régions).
Ah, mais c’est vrai, dans notre beau royaume de de France, dès qu’on veut creuser un trou, il faut 15 à 20 ans de démarches administratives, et encore sans garantie d’obtenir le feu vert (je veux dire la bénédiction des « Verts ») . Pendant ce temps-là, les autres pays avancent, eux.
Peut-être que si on enlève le mot « forage » dans les dossiers administratifs, ça irait plus vite ?
Bien sûr, l »hydrogène blanc !, d’autant qu’à la différence des énergies fossiles, il se renouvelle naturellement. Néanmoins , comme pour celles-ci, si un pays a la chance d’en disposer, il faut qu’il dispose d’un réseau de distribution spécifique très étendu , à la différence de celui d’hydrogène bleu ( voir sur le site de la SEPRA81) , très réduit car de production locale particulièrement en zone agricole.
Autre idée: développer le nucléaire, pas besoin de centrales à gaz d’appoint, pas de centrales à bois, pas de giga-batteries, pas d’îles artificielles, pas de tanker d’ammoniac, pas de pipeline à hydrogène etc
C’est bien , super idée , des réacteurs nucléaires pour faire des engrais et pour réduire le minerai de fer! Nous en avons déjà quelques uns d’arrêtés plusieurs mois par an, on pourrait en effet en arrêter plus.
Pas pire que de transporter de l’hydrogène liquide par bateau M. le prix. Nobel….
Et il parlait d’utiliser les réacteurs nucléaires pour la production d’hydrogène….je pense.