Voici la première borne de recharge directement alimentée par une éolienne

Les automobilistes peuvent désormais recharger leur véhicule électrique directement avec l’électricité produite par des éoliennes locales, à Breteuil (Oise). Nous avons visité cette installation inédite en France.

Yaway, peut-être connaissez-vous ce palindrome. Histoire que lorsqu’on repart et regarde dans le rétroviseur de sa voiture électrique, le plein payé 30 centimes le kilowattheure (kWh), on puisse le lire inchangé. En tout cas, avec sa nouvelle borne de recharge directement raccordée à un champ éolien, on peut dire qu’il a mis ses concurrents dans le rétro.

Cette station, installée entre Beauvais et Amiens, propose quatre points de charge ultrarapides pouvant délivrer jusqu’à 400 kW sur deux bornes. Une puissance qui permet, par exemple, de récupérer environ 300 km d’autonomie en vingt minutes sur un modèle récent comme la Renault Scénic électrique. Les bornes installées, des Siemens Sicharge D, sont conçues pour évoluer au rythme de la demande avec jusqu’à 24 points de charge à terme.

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Une recharge 100 % éolienne et compétitive

La particularité de cette infrastructure réside dans son alimentation. Les bornes sont reliées à cinq éoliennes Vestas V110 implantées dans la commune et mises en service fin 2024 après un repowering complet (+35 % de production supplémentaire gagnée). Ces machines, d’une puissance totale de 11 MW, produisent près de 29 GWh par an, l’équivalent de la consommation électrique de 13 400 habitants.

Concrètement, l’électricité sort en courant alternatif 20 000 V du parc éolien. Elle est distribuée soit sur le réseau Enedis via le point de livraison, soit vers la borne de recharge. Dans ce cas, l’électricité transite à travers un nouveau transformateur abaissant la tension à 400 V courant continu, prête à être délivrée à la borne.

Selon Kallista Energy, environ 80 % des besoins de la station seront directement couverts par ce parc éolien. Le complément proviendra du réseau, mais exclusivement en électricité certifiée renouvelable. Le surplus d’énergie produit localement est, quant à lui, injecté sur le réseau national et contractualisé sous forme de contrat de gré-à-gré avec l’enseigne de grande distribution Intermarché.

Vers un maillage national rural, le choix de Kallista

Pour Johann Tardy, président de Kallista Energy, qui travaille sur le parc éolien depuis sa première implantation, « c’est la preuve qu’il est possible de rendre la recharge très haute puissance accessible sur tous les territoires avec les énergies renouvelables ». « On a déjà payé le raccordement avec l’installation renouvelable, donc ça ne coûte plus grand-chose d’installer une station de recharge », ajoute-t-il, pensant au besoin de fournir une offre de recharge aux zones qui « seraient blanches sinon ». « On pourra étendre la station de manière illimitée » car le parc produit annuellement de l’ordre de 30 000 MWh, ce qui est gigantesque devant la consommation actuelle de la borne (environ 50 MWh/an).

L’écart entre le prix payé avec une borne à domicile est faible, rassure Guillaume Kosman, directeur mobilité électrique chez Kallista. « À la maison, on paierait 20 à 25 centimes le kilowattheure auquel s’ajoute les 500 à 1500 euros de la borne » sans compter, selon ses calculs plutôt dans le haut de la fourchette, « le tiers des personnes qui auront une voiture électrique et ne pourront pas installer de borne ». Sur la borne ultrarapide de Breteuil, elle coûte 30 centimes le kWh.

Six stations sont déjà en service, mais seule celle de Breteuil bénéficie d’un raccordement direct à un parc éolien. Les autres, regroupées sous la bannière Yaway Connect, puisent leur électricité via le réseau classique.