AccueilGéothermieCette pompe à chaleur installée à 2115 m d'altitude affiche un COP fabuleux de 5,3

Cette pompe à chaleur installée à 2115 m d'altitude affiche un COP fabuleux de 5,3

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Par Ugo PETRUZZIPublié le 24 novembre 2025
La maison du col du Tourmalet en hiver / Image : Pic du Midi.

À plus de 2 100 mètres d’altitude, une pompe à chaleur géothermique assure désormais le chauffage d’un bâtiment au col du Tourmalet. Réalisée par Bio Énergies Diffusion, l’entreprise de la famille Lazard, cette installation démontre que les calories du sous-sol peuvent décarboner et chauffer haut en altitude.

Quiconque a skié au domaine du Tourmalet (Barèges – La Mongie) est passé au col du Tourmalet. En face du bar, la discrète maison du Tourmalet a décidé de se chauffer pour pas cher. Pour l’aider, un chantier peu banal s’est joué à l’automne 2022.

Bio Énergies Diffusion, société familiale fondée en 2005 près de Toulouse, y a installé une pompe à chaleur géothermique « probablement la plus haute de France », sourit Ivan Lazard, fils du fondateur et ingénieur centralien. Spécialisée dans les forages sur sondes sèches, l’entreprise réalise chaque année « entre 500 et 1 000 forages de 150 mètres en moyenne » dans le Sud-Ouest.

Se chauffer au bois, c’est compliqué : « au Tourmalet, l’accès routier est fermé une bonne partie de l’année, donc il est impossible de l’acheminer ». Un PAC air/air aurait-elle pu être envisagée ? « Tu oublies quand il fait -15°C dehors ». Le chauffage 100% électrique, par radiateurs, coûte quant à lui très cher. La géothermie est donc, ici, la seule solution peu onéreuse. « 4 640 kWh, soit moins de 800 €/an pour chauffer un bâtiment de 462m² à 2115m d’altitude, c’est imbattable », se réjouit l’entreprise sur Linkedin.

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Des travaux compliqués par l’altitude

Au Tourmalet, l’équipe a dû composer avec les aléas naturels inhérents à la haute montagne. À 2115 mètres, la maison du Tourmalet est parfois coupée du monde : accès restreint car la route est fermée l’hiver (c’est une piste de ski), météo capricieuse et délais serrés ont rythmé les travaux. « On avait prévu six forages mais les premières neiges sont tombées avant d’effectuer le sixième et dernier forage. Et la foreuse a aussi été accidentée », raconte Yvan Lazard. Finalement, Bio Énergies s’est tenue à cinq forages de 187 mètres chacun, ils ont suffi.

Un test de réponse thermique a montré une conductivité du sol de 3,6 W/m/K, bien supérieure à celle de la plaine toulousaine (2,05 W/m/K). Quatre forages auraient, après coup, même pu être suffisants. « À Toulouse, le sol est à 16 °C au repos. Ici, il est à 5 °C au repos (0°C en sortie PAC et 3 °C en sortie forage), mais il se renouvelle beaucoup mieux : quand on prélève de la chaleur, la température bouge peu. Même à zéro degré, la pompe reste performante », explique-t-il.

Il a fallu placer de l’eau glycolée à cette température. Le local technique n’a pas eu besoin d’une grosse puissance : deux PAC de 13 kilowatts thermiques installées avec 18 kW de secours électrique qui n’a jamais tourné sont suffisantes pour alimenter chauffage, eau chaude sanitaire et rafraîchissement d’un bâtiment déjà bien isolé et semi-enterré. Son besoin énergétique annuel s’élève à 55 kWh/an/m². Le COP de la PAC est de 5,3.

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Une installation à 300 000 euros

Le coût global s’élève à plus de 300 000 euros, dont 160 000 euros de forages, la même somme pour le local technique et 40 000 euros pour le plancher chauffant. L’Ademe et la Région Occitanie ont apporté un soutien via le Fonds Chaleur. « Sans ces aides, ce type de projet ne serait pas viable dans un site aussi isolé », reconnaît Yvan Lazard.

« Ce chantier prouve que la géothermie a sa place partout, même dans les conditions les plus extrêmes », conclut Yvan Lazard. « Le Tourmalet, c’est un laboratoire grandeur nature ». Parmi les PAC de « l’extrême », le col du Lautaret compte aussi la sienne à la Galerie de l’Alpe, réalisée en 2014.

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