AccueilNucléaireIl passe son bras devant un accélérateur de particules et provoque l'un des plus graves incidents nucléaires de France

Il passe son bras devant un accélérateur de particules et provoque l'un des plus graves incidents nucléaires de France

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Par Ugo PETRUZZIPublié le 30 septembre 2025
L'accélérateur de particules du C2RMF / Image : C2RMF.

Un restaurateur a été irradié en juillet par l’accélérateur de particules « Aglaé » du Centre de recherche et de restauration des musées de France, révèle le journal Le Monde. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection a classé l’événement au niveau 3 de l’échelle internationale. C’est le troisième accident de ce niveau.

Le 22 juillet dernier, un incident s’est produit dans les sous-sols du Louvre, loin des regards des visiteurs. Au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), un travailleur spécialisé en métaux archéologiques a été irradié par l’accélérateur de particules « Aglaé » (pour Accélérateur Grand Louvre d’analyses élémentaires). L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a classé l’événement au niveau 3 sur l’échelle internationale INES, qui va de 0 à 7, faisant de cet accident le plus grave recensé en France depuis 2008 (il y en a eu trois de ce niveau-là).

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Une sorte de microscope nucléaire

Aglaé, mis en service en 1988 puis rénové en 2017, projette des protons sur des objets patrimoniaux afin d’en analyser la composition. Chaque année, plusieurs centaines de pièces archéologiques ou artistiques y passent, notamment le fragment de trompette gallo-romaine de ce 22 juillet. Un des agents a pénétré dans la salle où se trouvait Aglaé, encore actif. Non seulement un capteur de sécurité était défectueux (pour prendre la clé, il doit s’éteindre, explique Le Monde), les signaux lumineux, censés indiquer son fonctionnement, étaient aussi mal positionnés. En passant le bras devant le faisceau, le travailleur a subi une brûlure au premier degré.

Moins d’une semaine après, le 30 juillet, l’ASNR inspectait le site : absence de registre des défaillances et réparations, défaut d’appareils portatifs de mesure de la radioactivité, retards dans les contrôles réglementaires, accès en zone surveillée sans autorisation ni dosimètre opérationnel. « Souvent, les rudiments de la réglementation ne sont pas respectés », regrette auprès du Monde Christophe Quintin, inspecteur en chef à l’ASNR. Cela témoigne d’un manque structurel de culture de radioprotection.

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Des mesures correctives

Face à ce constat, la direction du C2RMF affirme avoir pris des mesures correctives : amélioration de la signalisation, mise en place de registres, renforcement des formations et des procédures de validation. Le directeur, Jean-Michel Loyer-Hascoët, reconnaît que l’incident a permis « d’identifier des défaillances et de les corriger », et promet d’aller « encore plus loin dans la radioprotection ». Le redémarrage de l’accélérateur n’est pas attendu avant novembre, cela dépendra de l’accord de l’ASNR.

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