Alors que les énergies renouvelables subissent des attaques de toute part, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) publie une mise au point. Le régulateur démonte plusieurs affirmations erronées qui circulent dans l’espace public et alimente la polémique sur la transition énergétique.
Depuis plusieurs mois, la flambée des prix de l’électricité et la place croissante des énergies renouvelables alimentent discours alarmistes et chiffres approximatifs. Il n’y a qu’à ouvrir LinkedIn ou lire les tribunes du Figaro pour comprendre ce déchainement envers les énergies renouvelables (ENR), parfois à tort. Pour mettre fin à ces « fake news », la CRE a publié le 1ᵉʳ septembre une note de clarification. Objectif : rappeler des données précises et replacer les coûts réels des ENR dans la trajectoire énergétique française.
Le premier point de rectification concerne la hausse des factures d’électricité. Contrairement à une idée largement relayée, les tarifs réglementés n’ont pas « doublé » depuis 2015. La CRE rappelle qu’ils ont augmenté de 20 % sur cette période, hors inflation. Une progression notable, certes, mais sans commune mesure avec l’explosion évoquée par certains responsables politiques. Et surtout, insiste le régulateur, cette hausse n’est pas imputable aux ENR. Le soutien public à leur développement n’est pas directement répercuté sur les factures, contrairement à ce que suggèrent leurs détracteurs.
À lire aussiLes pales d’éoliennes enterrées après leur démantèlement : vrai ou faux ?Autre sujet de controverse, peut-être le principal : le coût global de la transition. Dans le débat public, certains opposants aux renouvelables avancent le chiffre de 300 milliards d’euros d’investissements liés à leur déploiement. La CRE dément catégoriquement. Selon ses estimations, environ 18 milliards d’euros seront nécessaires pour raccorder les installations terrestres d’ici à 2040, et 37 milliards pour les projets d’éolien en mer. À ces montants s’ajoutent des coûts de renforcement du réseau électrique, partiellement attribuables aux ENR, mais très éloignés des centaines de milliards brandies par ses détracteurs.
Le soutien public, autre point sensible, fait lui aussi l’objet d’une clarification. Sur la base d’un scénario de prix de marché médian, la CRE estime à 50 milliards d’euros le montant total d’aides aux renouvelables d’ici à 2060. Ce chiffre englobe la rémunération complémentaire versée aux producteurs lorsque le prix de marché est insuffisant. À titre de comparaison, le bouclier tarifaire mis en place pour contenir la hausse des factures entre 2021 et 2023 a coûté, à lui seul, près de 40 milliards d’euros en trois ans. Un ordre de grandeur qui relativise le poids des soutiens publics aux ENR sur le long terme.
À lire aussiL’uranium de retraitement est entreposé sans aucune perspective d’utilisation : vrai ou faux ?Enfin, la CRE rappelle que le développement massif des renouvelables n’est pas un choix idéologique, mais une nécessité pour atteindre les objectifs climatiques européens et sécuriser l’approvisionnement énergétique. Elle souligne que la baisse tendancielle des coûts des technologies solaires et éoliennes en fait désormais des solutions compétitives et capables de réduire la dépendance aux énergies fossiles importées.
En publiant ce décryptage, le gendarme de l’énergie entend ramener le débat sur un terrain factuel, loin des approximations chiffrées et des discours simplistes. Une manière de rappeler que la transition énergétique, souvent caricaturée comme un fardeau financier, est nécessaire et passera par les renouvelables entre autres. Même si le gendarme avait appelé, en avril, à lever le pied, en revoyant légèrement à la baisse les objectifs solaire et éolien.
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Nucléaire6 septembre 2025
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