
Alors que la demande d’électricité stagne et que la France a un solde exportateur de 84 TWh en 2024, la question de construire de nouveaux moyens de production divise : faut-il investir maintenant ou retarder suivant l’évolution de la demande ?
Alors que la consommation d’électricité ne décolle pas, l’idée de lancer de vastes programmes de production peut paraître étrange. Nouveau nucléaire (EPR2), déploiement acté aujourd’hui donc effectif demain d’installations renouvelables… Mais la demande d’électricité n’augmente pas, comme le voudrait l’électrification des usages, voire baisse avec les efforts de sobriété consentis pendant les prix hauts post-covid et l’efficacité énergétique.
Pour autant, certains acteurs plaident quand même pour anticiper une hausse future de la demande. RTE, le gestionnaire du réseau, alerte que « les prochains mois seront cruciaux » pour opérer l’électrification des usages par la voix de Thomas Veyrenc, son directeur stratégie. « On a beaucoup de demandes, mais pas tant de connexions au réseau. On ne va pas pouvoir tenir durablement avec 30 GW de projets [industrie, centres de données…] et seulement un à deux qui se concrétisent », prévenait-il à Gazélec.
À lire aussiCombien de centrales faut-il construire pour électrifier toutes les voitures de France ?Le gouvernement est attentif à cette dynamique ou non-dynamique d’électrification. Selon plusieurs sources interrogées par Contexte, Roland Lescure, ministre de l’Économie et des Finances, pourrait intervenir prochainement pour ouvrir le débat sur l’électrification des usages. La Direction générale de l’énergie et du climat mène déjà des discussions avec les acteurs du secteur, tandis que l’Union française de l’électricité et des députés comme Jean-Luc Fugit appellent à un plan national d’électrification. RTE s’apprête à publier son nouveau bilan prévisionnel, intégrant des scénarios d’électrification « dégradés » pour ajuster sa prospective.
La question qui reste est la suivante : construire dès aujourd’hui pour anticiper une demande future croissante ou privilégier la flexibilité et la sobriété énergétique en attendant, et mettre à l’arrêt la construction de nouveaux moyens de production ? Les scénarios proposés par RTE et les signaux du gouvernement montrent que le choix ne sera pas uniquement technique mais politique et économique. Il s’agit de calibrer les investissements, de renforcer la flexibilité du système — stockage, pilotage, réseaux intelligents — et de surveiller de près la concrétisation des projets industriels et d’électrification des usages.
La crise des prix semble loin et les leçons, développer des moyens de production peu chers et rapidement déployables comme le préconisait la Commission européenne dans sa réforme du marché de l’électricité, peut-être oubliées.
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