La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a dévoilé, le 10 novembre dernier, une mise à jour de sa note d’information technique relative à l’installation de panneaux solaires à proximité des aéroports. Cette mise à jour devrait faciliter la constitution des dossiers sans compromettre la sécurité des pilotes.

Puisqu’ils sont pointés vers le ciel, les panneaux solaires ne nous éblouissent que rarement. Sauf quand on se trouve dans les airs ! Pour éviter ce phénomène potentiellement dangereux, la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) a publié en 2011, une « note d’information technique » (NIT), un document destiné à encadrer l’installation de centrales photovoltaïques à proximité des aérodromes et aéroports. Ce document, toujours en vigueur aujourd’hui, décrit les règles applicables lors de la mise en place de panneaux solaires à moins de 3 km d’un aéroport.

En novembre dernier, l’administration chargée de la sécurité aérienne en a dévoilé une mise à jour. Forte de dix années d’expérience, elle a pu clarifier de nombreux éléments, permettant de faciliter la constitution des dossiers, mais également leur analyse par les services instructeurs. Premier changement de taille : la mise en place d’un guichet unique, qui regroupe toutes les demandes relatives à la sécurité aérienne comme la mise en place d’un projet photovoltaïque, d’une éolienne, d’une construction ou encore d’un obstacle temporaire comme une grue de chantier.

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Les différents zonages définis en 2011 ont été supprimés pour des consignes plus simples. Désormais, on distingue :

  • Les installations de moins de 500 m² qui recevront un avis favorable dès lors que les panneaux se trouvent à plus de 500 mètres des extrémités de la piste, et à plus de 100 mètres de l’axe de la piste.
  • Les installations de plus de 500 m² qui devront respecter les règles de l’ancien zonage A.

La NIT de 2011 faisait également mention d’un seuil de luminance à ne pas dépasser pour éviter les éblouissements trop importants (entre 10 000 et 20 000 cd/m²). Grâce à l’arrêt de production de certains types de verres, ce critère, très contraignant pour les porteurs de projet, n’est plus en vigueur.

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Éblouissement d’inconfort ou d’incapacité ?

Enfin, la mise à jour de novembre 2022 met en avant deux nouvelles notions destinées à rendre compte de la perception visuelle des pilotes, mais aussi des contrôleurs ou du personnel travaillant sur les installations aéroportuaires. La première notion, nommée « éblouissement d’incapacité », décrit un phénomène physiologique correspondant à une baisse des performances visuelles. Si un tel éblouissement se produit après la mise en place des panneaux, le porteur de projet devra mettre en œuvre les mesures nécessaires à la disparition de cet éblouissement.

La seconde notion, appelée « éblouissement d’inconfort », décrit une situation dans laquelle l’éblouissement n’est pas un frein à l’exécution de la tâche (par exemple, lors d’un atterrissage), mais peut déranger. Dans ce cas, c’est à l’exploitant de l’aéroport ou de l’aérodrome de proposer des mesures permettant de limiter la gêne. Si c’est impossible, une information devra être communiquée aux pilotes pour éviter l’effet de surprise.

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Aéroports et photovoltaïque, une association qui gagne du terrain

Depuis la publication de la première version de cette NIT, le photovoltaïque s’est largement développé en France, passant de 2 574 MWc de puissance installée en 2011 à 15 700 MWc de puissance totale installée à la fin 2022. Cependant, pour atteindre les objectifs nationaux fixés à 20 GWc de puissance installée à la fin 2023 et de 35 à 44 GWc en 2028, le secteur du photovoltaïque doit encore largement se développer.

Dans ce contexte, le développement de centrales photovoltaïques sur des aéroports et des aérodromes comporte de nombreux avantages. À l’instar de l’agrivoltaïsme, ou des parcs solaires flottants, il est ici possible d’obtenir de larges surfaces sans obstacle ni concurrence. De nombreux bâtiments et parkings peuvent, en effet, accueillir des panneaux solaires, de même que les espaces situés à proximité des pistes, pourvu qu’ils respectent la NIT.

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C’est pour ces raisons que de nombreux projets voient le jour sur de nombreux sites à travers le monde. L’aéroport de Melbourne, en Australie, vient de recevoir près de 30 000 panneaux photovoltaïques qui devraient produire environ 17 GWh d’électricité par an. À La Réunion, l’aéroport Roland-Garros vient d’être équipé de 2 800 m² de panneaux. Plus proche de chez nous, une centrale de 20 MWc est en cours d’installation à l’aéroport Lyon-Saint Exupéry. Elle aura la forme d’ombrières pour 14 hectares de parking du site.